Le Père Roger MILLE

Né : 9 décembre 1924 à St-Pol sur Ternoise (62) ;
Profès : 05 octobre 1943 à Piré
Prêtre : 26 février 1950 à Chevilly ; Décès : 06 août 2017 à Chevilly-Larue (94)

AFFECTATIONS :
CAMEROUN:
Efok (50-52; professeur au collège Vogt); Mvaa (52-56; directeur du pré-séminaire); Akono (56-59; directeur du petit séminaire); Saa-Nsimalen (59-59; vicaire paroisse provisoire); Akonolinga; (59-68; vicaire); Obout (68-68; vicaire); Akonolinga (68-92; vicaire); Mengueme (92-93; vicaire); Ayos (93-94; intérimaire); Bertoua (94-95; animation pastorale); Mbalmayo (95-96; directeur spirituel noviciat); Yaoundé (96-2000; vicaire à Biyem'assi); FRANCE: Croix-Valmer (2000-2006; accueil); Chevilly (2006-2017; retraite).

Roger a eu une jeunesse riche en péripéties, tant durant sa formation commencée avant la guerre dans son diocèse, que chez les spiritains pendant la guerre, à St Michel en Priziac, Langonnet, Piré, Cellule et Mortain, avant de rejoindre Chevilly pour y étudier la théologie. C'est dans la grande chapelle de cette maison qu'il sera ordonné prêtre en février 1950.
Six mois plus tard, Roger s'embarque pour le Cameroun et cinquante années de vie missionnaire et apostolique, riches à tout point de vue. Il se qualifiait lui-même de missionnaire bouche-trou, car à plusieurs reprises, il a accepté de faire des remplacements, ou d'aller tenir compagnie à un confrère. Et toujours dans la bonne humeur. L'exception a cependant confirmé la règle puisqu'il a passé 33 ans à Akonolinga, à l'est de Yaoundé. C'est là qu'il a pu donner le meilleur de lui-même. Il maitrisait parfaitement l'Ewondo. Il était un homme de foi et un priant. Il aimait les tournées dans les villages. Il avait ce don de prendre les gens là où ils se trouvaient pour les aider à progresser. Il savait parler à temps et à contre temps d'une voix toujours égale, celle d'un homme que la présence de Dieu habitait et avait pacifié, celle d'un homme humble et sans prétention. Il fut un homme d'écoute: il écoutait les gens qui venaient lui confier leurs joies, leurs peines, leurs difficultés. Il a soutenu et aidé beaucoup de jeunes à qui il a permis de faire de bonnes études, des moins jeunes, des veuves, des malades, et en dernier lieu des réfugiés venus du lointain Rwanda.
Partout, le même souci : celui de la catéchèse des enfants en âge scolaire. Il voulait que tous les enfants puissent être catéchisés, ceux des écoles publiques aussi bien que ceux des écoles catholiques. Il a aimé les repas de fête organisés par les familles au moment des baptêmes, des confirmations ou des mariages. Il aimait aller rencontrer les gens chez eux. Il organisait la visite systématique de tous les chrétiens du secteur. Il écrit : « Le grand travail est de visiter les gens, case par case dans leur village pour les écouter et rejoindre leur vécu quotidien ». Il en profitait pour saluer tout le monde. Et cela fut très apprécié partout.
Enfin, un peu contre son gré, Roger passa 8 années de son séjour au Cameroun, dans la formation, comme professeur, directeur, ou accompagnateur spirituel dans différents séminaires. Mgr Adalbert Ndzana, évêque émérite de Mbalmayo, lui rend hommage pour son sérieux à assurer à ses élèves des cours de qualité et une formation humaine solide. Il le remercie au nom de tous les anciens devenus prêtres, évêques, mais aussi ministres, médecins, professeurs, magistrats. Et il termine : « La formation des jeunes, voilà votre passion ! »
Roger n'a pas été épargné par la maladie. Il fut la proie du paludisme, de la filariose, du cancer et bien d'autres parasites qui ont nécessité plusieurs retours en France pour des soins et du repos. En 2000, il rentre en France définitivement. C'est la fin de « mon épopée missionnaire, écrit-il, je rends grâce à Dieu des cinquante années de bonheur que j'ai passées au Cameroun ».
Commence alors pour lui, le temps du silence et du dépouillement : la marche devient difficile, les doigts se paralysent; les jambes lui font mal; ses oreilles le trahissent : « Je vis en ermite » répétait-il souvent ! A Chevilly, il voit ses voisins mourir les uns après les autres. « Et moi s'interroge-t-il, pourquoi suis-je encore l ? » Celui en qui il a cru de tout son cœur et qu'il a aimé et servi de toutes ses forces est venu le chercher dans son sommeil au matin de la Transfiguration. Quel plus beau cadeau le Seigneur pouvait-il lui réserver?
Gabriel MYOTTE DUQUET
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