Mgr François MORVAN,
1922-1998


François Morvan est né le 11 février 1922, dans un petit village du centre-Bretagne appelé "Le Saint" dans le diocèse de Vannes. Ses parents, agriculteurs, menaient une vie rude, simple, heureuse mais laborieuse, et animée d'une profonde foi chrétienne. Il était le 6` d'une famille nombreuse de dix enfants. Trois d'entre eux entrèrent dans la Congrégation du Saint-Esprit: l'un d'eux décédait durant ses études, tandis que deux, Joseph et François, devinrent prêtres religieux dans cette même Congrégation.

A sept ans, le jeune François va à l'école et commence à apprendre le français, non sans difficultés au départ, dira-t-il, sa langue maternelle étant le breton. Il poursuivra ses études primaires et secondaires à Piré-sur-Seiche près de Rennes, puis à Cellule dans le Puy-de-Dôme. En 1941 il entre au noviciat des spiritains. De 1943 à 1945, il devra partir comme prisonnier en Allemagne. Après sa libération, en 1945, il continue ses études philosophiques et théologiques, d'abord au séminaire de Mortain en Normandie, puis au séminaire français et à l'université grégorienne de Rome. Le 26 juin 1949, il est ordonné prêtre à Rome et reçoit sa licence de théologie.

Dès le 13 octobre 1950, il part pour le Sénégal comme missionnaire et professeur de séminaire. Sa première année, il va la passer à Poponguine au séminaire, et de 1951 à 1962, il sera directeur et supérieur du grand séminaire de Sebikhotane. Ses 12 ans passés au Sénégal le marqueront beaucoup : souvent il aimait à en parler, signifiant ainsi l'attachement et l'affection qu'il portait aux populations de ce vaste pays d'Afrique.

Au grand séminaire du Sénégal, il a eu comme élèves beaucoup de séminaristes originaires du Sénégal et de la Guinée, qui sont aujourd'hui prêtres et plusieurs évêques. Par exemple les abbés J.B. Cissé et Louis Barry, Pierre Sock et Pierre-Marie Senghor, Alphonse N'Dione et J.L Gomez, G. Badiane et A. Diama-N'Dione, Léon Diouf, Emmanuel Sarr, Jacques Sarr, Adrien Sarr, Diandy, Dominique Sagna, Hawing, Camara, Nazaire Badji, etc ...

En 1962, il est rappelé en France, comme directeur et supérieur du grand séminaire de philosophie de Mortain en Normandie, où l'on a pu apprécier son esprit d'écoute et d'accueil, mais aussi sa rigueur de Breton qui sait ce qu'il veut.

En 1966, il reçoit sa nomination comme supérieur provincial de France : une province très importante qui comptait près de 25 maisons et plus de 500 religieux : Pères, Frères et Scolastiques, sans compter plus de 500 petits séminaristes dans les différentes écoles apostoliques de l'Institut à cette époque ... Il sillonnera la France, visitant deux fois par an chaque maison de la Province, et recevant avec attention et délicatesse à Paris les missionnaires revenant pour les congés ou pour un retraite bien méritée.

En 1970, il retourne au Sénégal comme aumônier des Frères du Sacré-Cœur, à Nianing entre Mbour et Joal. C'est là qu'il fut choisi par le Saint-Siège comme évêque de la Guyane. Le 10 juin 1973, à son départ de Nianing, le supérieur de la communauté sut lui dire leur attachement sincère et le souvenir durable qu'ils conserveront de ces deux années et demie vécues en son agréable société.

Qu'on nous permette de rappeler quelques extraits de cette allocution de circonstance :

" Féru de sciences théologiques, le P. Morvan a tout de l'autodidacte accompli. Tout l'intéresse. Causez-lui des sujets les plus divers comme des plus scientifiques, votre interlocuteur saura vous entretenir longuement en vous apportant preuves et chiffres à l'appui de ses thèses. Soulignons qu'il saura drainer et soutenir votre attention jusqu'à la fin de son énoncé, en ajoutant en guise de conclusion : "C'est fantastique, c'est inouï !"

N'est-ce pas le propre des esprits ouverts et loyaux que de s'émerveiller devant les grandeurs de la création et la puissance du cerveau humain, pâle reflet de la grandeur et de la puissance du Créateur ? Tout spiritain qu'il soit, le Père possède une âme bien franciscaine. Amant de la nature, le P. Morvan a réussi à faire fleurir le désert. Il nous laisse un souvenir vivant de son séjour parmi nous. A cet effet, je propose de baptiser "Allée Mgr Morvan" le magnifique sentier qui s'étend depuis l'aumônerie jusqu'a la mer, Amant de la nature, le Père se souviendra encore longtemps des heureux moments qu'il a passés à admirer la mer, à écouter le murmure des vagues, l'immensité de son étendue, sans oublier la fraîcheur réconfortante de son eau. Amant de la nature, il se rappellera peut-être le gazouillis des oiseaux qui, dans l'enceinte du noviciat, accompagnait en sourdine les doctes exposés de ses cours. Amant de la nature enfin, il n'oubliera pas les innocentes facéties de "Minouche", cette orpheline de petite chatte qu'il a paternellement recueillie et adoptée par un froid matin de décembre. C'est à elle qu'il dédia ses plus beaux refrains de flûte douce ...

Qui aime la nature, aime les hommes. Et le stage du Père à Nianing est là pour le démontrer. Il aime la société des personnes évoluant dans son entourage. Il est "un homme de communauté". Un mot aimable, une discrète attention, une question sur la santé ou le travail, un fait d'actualité, tout est motif à attirer sa sympathie.

Nous étions dans la joie lors de votre arrivée. Nous le sommes demeurés tout au long de votre trop bref séjour parmi nous. Nous le sommes encore aujoud'hui pour tout le bien que vous nous avez fait, et aussi pour les nouvelles grâces dont le Seigneur vient de vous combler en vous accordant la plénitude du sacerdoce. Nous vous souhaitons un ministère épiscopal des plus heureux et des plus fructueux en Guyane. Puisse le Cœur de Jésus vous inviter à reposer sur son Cœur comme l'Evêque saint Jean apôtre ...

Ordonné à Rome par le Pape Paul VI lui-même, Mgr Morvan arrive pour la première fois en Guyanc le 7 septembre 1973.

Une nouvelle mission commence pour lui, il l'accomplira durant un quart de siècle. Il mettra toute sa vigueur, son intelligence, son attention et sa bonté au service de la Guyane, et cela jusqu'au bout de ses forces, jusqu'à la fin de ses jours ...

A ses funérailles, célébrées dans sa cathédrale de Cayenne, le mercredi 28 octobre 1998, le Père Le Quéré s'adressait au défunt:

" Cher Père Morvan, depuis que le Seigneur a mis sa main sur vous, lorsque vous étiez encore jeune petit breton, vous avez accepté dès ce moment cette emprise du Seigneur sur vous. Vous avez passé votre vie de missionnaire, de prêtre et d'évêque, dans la simplicité et l'accueil des autres, attentif aux besoins des peuples qui vous étaient confiés, même les plus lointains. Vous avez ainsi contribué à la construction de plusieurs églises et de nombreuses chapelles, afin de pourvoir à la formation des nouvelles communautés, et leur procurer les nourritures spirituelles nécessaires à la croissance de la vie spirituelle de cette Eglise en Guyane, en visitant les populations et en voulant mettre en place un plan pastoral que vous vouliez le plus adapté possible aux réalités et aux nécessités guyanaises.

Certes, nous le savons, vous auriez tant voulu retourner vivre une retraite paisible en votre Bretagne natale : le Seigneur en a jugé autrement, et j'ose penser que le peuple chrétien de la Guyane n'en est pas mécontent. Désormais, en effet, vous reposerez pour l'éternité en son Eglise-Cathédrale. Ce peuple vous sera encore longtemps reconnaissant, et pourra rendre grâce au Seigneur pour le bien que vous avez réalisé, dans le don de vous-même, avec foi et amour pour la Guyane, son Eglise et son peuple, que vous avez si longtemps et si bien servis.

Texte de « Province et Mission » sur Mgr François MORVAN
décédé à Cayenne (Guyane), le 25 octobre 1998, âgé de 76 ans
inhumé en sa cathédrale le 28 octobre


Né : 11.02.22, Le Saint (56). Profès : 02.10.42, Cellule. Prêtre : 26.06.49, Rome. Evêque, 29 06.73, Rome
AFFECTATIONS
Sénégal - Poponguine, professeur au Grand-séminaire (50-51) ; Sébikhotane, professeur et directeur au Grand séminaire, supérieur à partir de 1953 (51-62) France - Mortain, supérieur du Grand scolasticat (62-66) ; provincial de France (66-70) Sénégal - Niaming, aumônier des Frères du Sacré-Cœur (71-73)
Guyane - évêque de Cayenne (73-98)

Les parents de François Morvan, agriculteurs, menaient une vie rude, simple, heureuse mais laborieuse et animée d'une profonde foi chrétienne. Il était le sixième d'une famille de dix enfants. Trois d'entre eux devinrent spiritains:

A sept ans, le jeune François commence à l’école l’étude du français, non sans difficultés au départ, dira-t-il, sa langue maternelle étant le breton. Un parcours scolaire à peine troublé par quelques mois de S.T.O. en Allemagne le mène par les écoles aposto- liques et Rome jusqu’au Sénégal comme missionnaire et professeur de séminaire.

Il passe au Sénégal 12 années qui le marquèrent beaucoup : il aimait à en parler, signifiant ainsi l’attachement et l’affection qu'il portait aux populations de ce vaste pays.

En 1962, il est rappelé en France, comme supérieur du scolasticat de philosophie. C'est là que, séminariste, j'ai pu apprécier son esprit d'écoute et d'accueil, mais aussi sa rigueur de Breton qui sait ce qu'il veut. Nommé, en 1966, supérieur provincial de France, il sillonne la France, visitant deux fois par an chaque maison de la Province, et reçoit avec attention et délicatesse à Paris les missionnaires revenant pour les congés ou pour une retraite bien méritée.

Il retourne au Sénégal en 1970 comme aumônier des Frères de Niaming. Mais bientôt il est nommé et sacré évêque de Cayenne par Paul VI : Mgr Morvan arrive pour la première fois en Guyane le 7 septembre 1973.

Une nouvelle mission commence pour lui : durant un quart de siècle,. il y consacrera toute sa vigueur, son intelligence, son attention et sa bonté au service de la Guyane, et cela jusqu'au bout de ses forces, jusqu’à la fin de ses jours.

Mgr Morvan a passé sa vie de missionnaire, de prêtre et d’évêque, dans la simplicité et l’accueil des autres, appliqué aux besoins des peuples à lui confiés, même les plus perdus dans la forêt. Matériellement, il a contribué à la construction de plusieurs églises et de nombreuses chapelles, afin de pourvoir à la formation de communautés nouvelles. C’était leur faciliter l’accès aux nourritures de l’âme nécessaires à la croissance de tout chrétien. Il a eu, par ailleurs, le souci de la construction spirituelle, dans l’unité, de l’Eglise en Guyane, en stimulant par de nombreuses visites les populations et en préparant la mise en place d’un plan pastoral, le plus adapté possible aux réalités et aux nécessités guyanaises.
Yves LE QUERE

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