Le Père Nicolas MOYSAN,
1898-1977


C'est le vendredi 12 août 1977 que le Père Nicolas Moysan est décédé dans sa Bretagne natale, à Langonnet, où il avait pris sa retraite depuis qu'il avait quitté le Congo en 1972. Le sourire malicieux et bonhomme de "Sango Moysan" a rejoint la maison du Père, après 79 ans d'une vie bien remplie, passée en grande partie au Congo.

"Sango Moysan", surnommé familièrement "Biyu Bilamu" (accueillant, bonnes manières) était né à Bodilis le 8 avril 1898. Ecolier à Landivisiau, collégien à St-Pol-de-Léon, il obtint le baccalauréat-ès-lettres, accomplit son service militaire à Brest, Oran, Sidi Abdallah, Bizerte, et entra au grand séminaire de Quimper.

Venu au noviciat d'Orly, il y fit profession le 17 septembre 1923. Scolastique à Chevilly, il y donna la plus entière satisfaction. Prêtre le 28 octobre 1925, il arrive au Congo le 22 septembre 1926.Il passe ses premiers mois à la procure de Brazzaville. Mgr Guichard l'affecte ensuite, en août 1928, à la cathédrale avec mission de s'occuper des "Bangala" de Brazzaville. Poto-Poto prenant de l'ampleur, il émigrera bientôt avec ses chrétiens dans une chapelle provisoire aménagée sous les tribunes du Stade Eboué, que l'on appela du nom du grand tunnel du CFCO : les Bambas. La première période congolaise du P. Moysan devait durer 24 ans (1926-1950), coupé d'un congé en France en 1937. Pendant tout ce temps il occupa diverses responsabilités : il devint notamment supérieur religieux du Vicariat de Brazzaville en 1940 et il prit résidence à Saint-Anne en mars 1944.

Rappelé en Europe pour le Chapitre Général des Pères du Saint-Esprit, en 1950, il a la surprise d'y être nommé conseiller général de la congrégation pour une période de douze ans, ce qui va étendre sa responsabilité au niveau du monde entier. Dans cette charge, il fera deux séjours en Afrique comme visiteur de sa congrégation en 1952 et en 1959. En 1962, il est choisi comme supérieur Provincial de France.

Après avoir exercé pendant si longtemps de si hautes responsabilités, à la fin de son mandat il accepte, à la demande de Mgr Verhille, évêque de Fort-Rousset, de revenir sur le terrain : il retrouve alors son cher Congo, à Brazzaville, où on lui confie des travaux liturgiques en lingala. Il continuera ce travail jusqu'à ce que l'état de sa santé l'oblige à prendre définitivement sa retraite en France, à Langonnet où il meurt paisblement le 12 Aout 1977.

Outre son activité proprement apostolique à la mission de Ouenzé chez le P. Grivaz, le Père Moysan s'était donné pour tâche de promouvoir toute une littérature religieuse en lingala. Successivement il a publié en cette langue : plusieurs catéchismes, une Histoire Sainte (Buku ya Nzambe), une histoire de Lourdes et une vie de sainte Maria Goretti.

Sur un plan plus simplement. culturel, il a édité une grammaire et un lexique lingala, ainsi qu'une méthode rapide pour apprendre à lire le lingala. Il est toutefois regrettable que ce qu'il considérait comme son oeuvre capitale, et qui lui valut d'être promu Chevalier du Mérite Congolais le 25 janvier 1972, son Dictionnaire français-lingala et lingala-français, n'ait pu être édité jusqu'alors...

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