Le Père Daniel MUFF
Décédé à Strasbourg le 26 septembre 2008, âgé de 61 ans
: 23/07/47, Mulhouse. Profès : 02/09/72, Montigny. Prêtre : 26/06/75, Mulhouse.
AFFECTATIONS : FRANCE : Paris (75-78, études). CAMEROUN : Djinglia (78-80, stage) ; Mokolo (80-84, aumônier de jeunes). FRANCE : Chevilly (84-87, Formateur).
CONGO : Brazzaville (87-89, professeur). CAMEROUN : Maroua (89-93, pastorale).
FRANCE : Strasbourg Forêt Noire (93-99, pastorale, supérieur de la communauté de 93 à 96). ÎLE MAURICE : Pont Praslin (99-2002) ; Bambous (02-05) ; Port-Louis (06-08).
FRANCE : Strasbourg – La Meinau (2008).

Le petit mot des confrères de Sainte-Croix résume bien l'ensemble des mots de sympathie reçus de l'Île Maurice : "Au nom des confrères spiritains, en lien aussi avec de très nombreuses personnes, bouleversées à l'annonce du décès de Daniel, nous voudrions nous associer fortement à la douleur de sa famille, surtout celle de sa maman... nous associer à la prière de vous tous. Nous pouvons assurer que nous avons vécu avec Daniel des moments très riches d'amitié, de recherche et d'échanges. Nul doute que celui qui a permis à beaucoup de faire un pas dans la recherche de la Vérité, soit accueilli par Celui-là même qui est Chemin, Vérité et Vie." (Bernard Reniers)
Passionné par la mission, Daniel, dans un article du Canard de la Meinau, présente à sa manière les grandes étapes de sa vie. Rien n'y manque, y compris la fierté de se présenter comme un mulhousien d'origine et comme un grand supporter du Racing Club de Strasbourg.
Après son ordination à Mulhouse, Daniel a fait des études très " pointues " à l'École Pratique des Hautes Études en Sociologie. Ce sera un élément majeur de son horizon intellectuel. Le temps des études était une époque agitée à tous points de vue. Tout se discutait et surtout l'avenir de la mission. Doté d'une belle intelligence et d'une mémoire "d'éléphant", Daniel se montrait un homme très fin dans l'approche des questions, même si de temps en temps le caractère massif de ses affirmations impressionnait déjà ses interlocuteurs.
À sa maman qui lui demandait récemment dans quelle mission il souhaiterait repartir s'il en avait la possibilité, il répondit sans hésiter : le Cameroun. Les six premières années passées à Djinglia et à Mokolo furent une expérience missionnaire fondatrice. Il n'a cessé de s'y référer, même lorsqu'il est arrivé à l'Île Maurice en novembre 1999. Daniel était cependant suffisamment lucide pour mesurer les limites de cette première activité missionnaire. Après cette expérience sur le terrain, Daniel a pris en charge le Centre d'Études et de Recherche Missionnaire (CERM) et exercé la tâche de formateur. Puis il a poursuivi son chemin comme professeur au grand séminaire de Brazzaville, pendant 2 ans. Durant cette période de sa vie, il y eut des moments douloureux. Mais je connais des confrères qui ont eu l'occasion de le côtoyer comme formateur et enseignant. Ils ont tous souligné la compétence intellectuelle de Daniel et sa grande "humanité". Puis ce fut le retour au Cameroun, à Maroua. Pendant 4 ans il s'est investi dans la pastorale. Cet investissement lui a permis d'aborder plus aisément l'étape suivante, dans la communauté de la Forêt Noire de Strasbourg, dont il fut le supérieur de 1993 à 1996. Daniel y a vécu une expérience pastorale intense dans la paroisse universitaire du Christ-Roi.
De novembre 1999 au 1er juillet 2008, Daniel a servi avec beaucoup de compétence l'Église à Maurice. Il a pris le temps d'observer et de comprendre une société fort complexe. Fidèle aux principes qui l'habitaient, il a su mener en parallèle la pastorale et l'enseignement. Après deux années consacrées à la petite paroisse de Pont-Praslin, il a pris en charge celle de Bambous, puis l'importante paroisse de Sainte-Croix. Durant 7 ans il a enseigné au Séminaire Inter-Îles.
Tous les confères qui ont vécu en communauté avec lui ont pu se rendre compte que Daniel était un confrère sensible, charmant et attentif. Certes, il savait défendre son point de vue. Mais il pourchassait suffisamment les idéologies des autres pour qu'il accepte d'être renvoyé aux limites de la raison. Ce dont je puis témoigner, c'est qu'une des grandes hantises de celui qui ne rechignait pas à suivre les impératifs de la raison était précisément d'honorer la dialectique foi/raison. La question avait une double entrée : comment annoncer Jésus-Christ à un monde hyper-sécularisé et comment annoncer ce même Jésus-Christ à un monde hyper-sacralisé ? Cette hantise affleurait notamment dans un de ses cours destiné au grand public et qui s'intitulait : "Croire pour comprendre, comprendre pour croire".
L'annonce de Jésus-Christ, mort et ressuscité, demeure une "folie" pour les gens "raisonnables", et un "scandale" pour les hommes "religieux". En France, comme à Maurice, Daniel s'est affronté à cette question avec courage et rigueur. Aujourd'hui, dans la lumière du Ressuscité, il doit sans doute prier le Seigneur pour que l'Esprit vienne en aide à ses frères et à ses sœurs qui continuent de traverser la nuit de leurs questions.
Raymond Zimmermann
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