Le Père Étienne NKODO
décédé le 2 octobre 1983, à Ngomedzap, à l'âge de 72 ans


Le Père Étienne NKODO est né le 3 août 1911 à Ngomedzap. Atangana-Mballa par son père, Ngodsoul par sa mère, il était en quelque sorte le symbole vivant d'une alliance possible entre deux ethnies que les contradictions historiques tendaient à rendre inconciliables... Aussi, se sentait-il partout à l'aise parce que partout il était chez lui.

En 1929, le Père Nkodo (Abina de son vrai nom) termine brillamment ses études primaires. Il est « certifié ». Pour lui, comme pour la plupart des jeunes de cette époque, c'est la fin de l'école tout court et le début de la recherche d'un emploi rémunérateur. Il prépare un concours administratif des Agents des Travaux Publics dont il sort « major ». Il est affecté à Douala. C'est la porte ouverte à tous les rêves, parmi lesquels le mariage. Pourquoi pas ? Issu d'une famille de 10 enfants dont 7 filles et 3 garçons, n'était-il pas un des héritiers légitimes présumés de son père ?

Son destin cependant était qu'il serait prêtre. Le Père Hermann qui le baptisa le jour de sa naissance, alors qu'il passait par hasard par Ngomedzap, en avait acquis depuis lors la certitude.

Monseigneur Vogt, en visite à Douala, fut frappé par le sérieux et le regard réfléchi du jeune Étienne Abina. Et en 1930 Étienne entre au petit séminaire d'Alkono, A partir de cette époque, il ne s'appellera plus Abina, mais Nkodo comme son père.

Il est ordonné prêtre en 1941 dans la chapelle du grand séminaire de Mvolyé avec 4 autres séminaristes dont l'Abbé Jean Kounou, sauvagement assassiné le 29 novembre 1983 à l'évêché de Mbalmayo. Il connaît un ministère riche et varié. Attiré fortement par la vie religieuse, il demande à entrer dans la Congrégration du Saint-Esprit. Il vient alors en France pour faire son noviciat à Cellule. Le 18 septembre 1952, il fait profession et retourne au Cameroun.

Il sera d'abord vicaire puis curé de la cathédrale, C'est à cette époque que lui sera décernée la décoration officielle de Chevalier de l'Ordre de la Valeur. Ensuite il est nommé successivement Vicaire général de l'Archidiocèse de Yaoundé et Vicaire général du diocèse de Bafia. Cependant ces postes de grosse responsabilité ne changeront en rien sa façon de vivre. Jusqu'à sa mort, il restera un homme effacé et discret, d'une profonde vie intérieure.

Digne prêtre diocésain, il a été aussi vrai spiritain jusque dans sa solitude de Ngomedzap où il meurt pauvre au milieu de 15 orphelins adoptés et hôtes journaliers de sa table. Il avait rêvé de faire de la maison où il s'était retiré (et où il repose maintenant conformément à ses dernières volontés) un autre « Auteuil ». Ce n'était pas un projet personnel, mais une manière de témoigner même pendant sa retraite le charisme spiritain : « Partout au service des plus pauvres ».
Nicolas GOBINA

Page précédente