Le Père Jean-Marie OFFRéDO,
1888-1962


Né à Baud, chef-lieu de canton du Morbihan, le 11 février 1888, ce breton garda toute sa vie pour Marie et sa mère Sainte-Anne un grand amour et une grande dévotion pleine de confiance. Il aima les saints bretons et aussi la Bretagne, cette terre de granit recouverte de chênes, qui mit à son tempérament et à son caractère une empreinte si profonde.

Dans sa famille, qui jouissait d'une modeste aisance, le bon Dieu s'était plu à choisir des élus. L'aîné des fils fut prêtre au diocèse de Vannes, et l'aînée des filles entra à la Sagesse et fournit en Haïti une longue et brillante carrière de sœur institutrice. Le benjamin des six enfants fut notre Jean-Marie.

A l'âge de 13 ans, pour la première fois, il quitta sa famille pour aller continuer ses études primaires au Faouët à l'institution Sainte-Barbe que dirigeaient les Frères des Ecoles chrétiennes. Comme l'ont fait beaucoup d'autres enfants bretons, il prit en même temps des leçons de latin et de grec chez l'un des vicaires de la paroisse, l'abbé Joseph Colmou. Dès cette époque déjà il montrait des aptitudes spéciales pour la musique instrumentale et vocale. Il était de la schola et souvent sa voix se faisait entendre seule. Elle était forte, limpide et très sûre. Plus tard il lui arriva de chanter au scolasticat l'Exultet du samedi-saint et le chant du départ.

Au bout d'un an de leçons particulières il entra en 41- au petit séminaire de Ste-Anne d'Auray. Il fut heureux de vivre et d'étudier à l'ombre de la splendide basilique de granit et sous la protection de la Patronne qu'on lui apprit à invoquer dès sa plus tendre enfance. Son frère aîné l'avait précédé dans ce séminaire où il fut un brillant élève. La vie de Jean-Marie fut plus modeste, sans éclat, celle du bon élève, pieux et appliqué, fidèle à son devoir, marchant d'un pas régulier et ininterrompu vers l'autel qui était le terme de ses aspirations et de ses efforts. Ce fut à l'autel de Sainte-Anne que la famille se trouva pour la dernière fois réunie sur la terre. La fille aînée, munie de son diplôme d'institutrice, était affectée à Haïti. La famille voulut, avant le départ et la séparation définitive, faire un pèlerinage à Sainte-Anne. Ce jourlà, le frère aîné célébrait à rautel et Jean-Marie était servant de messe. On se quitta pour ne plus se retrouver qu'au ciel. Est-ce ce jour-là que Jean-Marie conçut le dessein d'être missionnaire ? Toujours est-il qu'il resta en admiration devant le sacrifice de sa sœur et entretint avec eue une correspondance suivie, où il manifeste clairement de l'attrait pour le pays du soleil et les âmes délaissées.

En 1906, il avait 18 ans, et venait de terminer sa rhétorique. Il songeait à solliciter son entrée au noviciat des Pères du Saint-Esprit. Mais avant de faire cette démarche, il entreprit un pèlerinage à N.D. de Lourdes en compagnie de ses père et mère et de son frère prêtre. Jean-Marie le fit pour connaître les voies du Seigneur et demander la protection de l'Immaculée ; car si l'âme ardente du jeune homme l'attirait vers les missions, sa mère aurait voulu garder toujours près d'elle son benjamin. Entre l'appel d'En-Haut et celui de sa mère il connut un moment d'hésitation. Il fut heureux du pèlerinage que décidèrent ses parents et le fit avec foi.

Sa première visite fut pour la grotte de Massabielle. Il y priait avec ferveur, lorsqu'une famille, qui venait peut-être des Antilles, vint se placer près de lui et prier comme lui. C'était une chose rare à cette époque de voir en France des Noirs. Touché par cette attention de la Providence, il prit la détermination d'être missionnaire et de se consacrer à l'apostolat des Africains. Marie lui avait montré le chemin à suivre. N'était-il pas né le jour de la fête de l'apparition de Notre-Dame à Lourdes ?

Quelques semaines après il demanda son admission au noviciat à Chevilly. La séparation fut dure : il était le benjamin, et sa mère avait toujours caressé le projet de le garder près d'elle au pays. Les premiers mois du noviciat furent aussi pénibles pour le jeune homme : il lui manquait son ciel gris, ses genêts et ses landes, et par dessus tout sa famille. Un jour pendant qu'on psalmodiait l'office de la Sainte Vierge à la chapelle, il lui arriva d'éclater en sanglots.

Quand arrivèrent les beaux jours ensoleillés du printemps, le novice s'habitua au sombre et monotone plateau de Chevilly. Les fêtes liturgiques étaient plus nombreuses et chacune d'eues avait pour lui une douceur et des charmes indicibles. Il faisait partie de la schola et cela lui permettait de prendre à ces fêtes une part plus active. Il fit profession le jour de la Saint Bruno, le grand moine, le 6 octobre 1908.

Au scolasticat la maladie vint interrompre le cours des études théologiques du jeune profès. Ses supérieurs l'envoyèrent, après sa tonsure, continuer ses études à l'Université de Fribourg, puis dans le sanatorium de Montana. Dans ses excursions ou sous les bois sombres des mélèzes on l'entendait souvent chanter : " La Suisse est belle, Oh, qu'il la faut chérir ; actions pour elle, Vivre et mourir."

Ordonné prêtre à Sion, diocèse du Valais, le 28 octobre 1914, il commença dans le Valais même le saint ministère. Nous le voyons prêcher et confesser à Montana, à St-Maur-du-Lac, à Chipisse, à Fully... Aimable et de relations faciles, il montrait déjà pour le saint ministère de réelles aptitudes. Si bien que son supérieur, le P. Emile Endel, ancien officier de carrière, lui écrivait à son départ de Montana : " 21 mars 1915, Mon cher petit héros, il y aura encore d'autres paquebots pour vous emporter et d'autres places vacantes aux Antilles à combler. Qui sait, nous nous retrouverons peut-être un jour. A votre départ prochain de la montagne, vous emporterez une santé consolidée, un cœur ardu à la souffrance (vous en donnez la preuve). Que le Saint Esprit vous donne le don de prudence et vous serez un missionnaire parfait selon le cœur de Jésus. J'emporte de votre jeunesse un souvenir affectueux et souriant... Je vous laisse pour parole d'adieu le verset biblique : "Euntes ibant et flebant mittentes semina sua." Il n'y a que cette eau-là pour faire germer le blé de la Rédemption. Que la bonne et douce mère sainte Anne veille sur vos jours, vos joies et vos douleurs. Quelle vous purifie par la souffrance, et vous prépare là-bas une pieuse moisson digne d'un breton, fils de notre Vénérable Père. Que Jésus et Marie vous bénissent.

Cette lettre fait allusion à certaines épreuves de famille et aussi à une certaine bravoure et témérité qui portaient le scolastique à abuser des excursions en montagne, au détriment de sa santé un instant compromise. D'autre part, le P. Endel fut bon prophète : le jeune prêtre en effet devait le suivre aux Antilles, à la Guadeloupe.

Mais avant d'être missionnaire au sens plein du mot, il fut confié pendant quelques années au diocèse de St-Brieuc. C'était la guerre. Il fut professeur de 3' au séminaire de Rostrenen, et simultanément vicaire de la paroisse, puis recteur de Trégornan et St-Michel-en-Glomel. Il fut aimé de ses élèves, et très estimé dans les paroisses qu'il desservit avec zèle.

La guerre finie, le docteur Guichard trouva qu'il avait encore besoin de repos. Au sanatorium de Bligny, pendant quatorze mois, il assura le ministère de l'établissement tout en se soignant lui-même. Il aima ce genre de ministère vers lequel le portait la grande bonté de son cœur. Au Sana on garde encore le souvenir de l'homme zélé et bon que fut le P. Offrédo.

Ce repos rétablit la santé délabrée du Père, si bien que Mgr Le Roy le recommanda comme aumônier au Pensionnat de Versailles situé à Basse-Terre et dirigé par les Sœurs de St-Joseph de Cluny. Le rêve du Père se réalisait : il était missionnaire en Guadeloupe. Tout heureux il s'embarqua à St-Nazaire le 2 novembre 1921.

La fonction d'aumônier d'un pensionnat est en général peu recherché par les missionnaires ardents et jeunes. Cependant le jeune Père savait s'adapter, se faire à son milieu, et nous ne pouvons mieux résumer le long stage qu'il y fit qu'en citant l'appréciation d'un Père Visiteur, consigné sur le cahier de ses comptes-rendus : "Il n'y a que des éloges à adresser au Père Offrédo pour la façon dont il s'acquitte de son ministère dans le poste si délicat de Versailles."

Versailles comptait à cette époque, au nombre des élèves, une soixantaine de petits garçons. Le Père les utilisait pour les fêtes, et grâce à eux les offices revêtirent une solennité inacoutumée. L'aumônier eut toujours le respect de la chaire de Vérité et de son auditoire. Aussi ses instructions du dimanche étaient-elles bien préparées, et il travaillait à les rendre avec clarté et élégance. A son arrivée au Pensionnat, les Sœurs avaient fait neuvaines sur neuvaines pour que le nombre des élèves atteigne le chiffre de 100. Ce nombre était plus que doublé au premier congé du Père pour la France.

La santé du Père nécessita en effet deux retours en Europe durant le temps qu'il fut aumônier de Versailles. Il était atteint de splénomégalie. Sa rate énorme saignait souvent, et chaque fois que l'hématémèse se produisait, sa vie se trouvait en danger. C'est ce qui explique qu'il reçut 8 fois l'extrême-onction durant son séjour à la Guadeloupe. Cela dit suffisamment son esprit de foi, et le soin qu'il prenait à préparer son âme au jugement de Dieu. Dans ses souffrances il répétait, en serrant dans ses doigts son crucifix de profession : "Mon Dieu, tout ce vous voudrez, tant que vous voudrez, autant que vous voudrez !" Il se montrait reconnaissant pour les moindres services, surtout pour son confrère le Père Conrad qui lui apportait la communion tous les matins.

Après sa dernière hémorragie, il resta hydropique. Tous les 8 ou 15 jours il fallait le ponctionner. Chaque ponction rendait de 10 à 15 litres de liquide et laissait le malade très déprimé, mais toujours confiant et courageux. On l'embarqua pour la France : voyage pénible, pendant lequel il subit encore une nouvelle ponction face aux Açores.

A l'hôpital de la Charité, le célèbre docteur Fiessinger prit notre colonial en particulière affection et s'intéressa vivement à son cas. Après quinze jours d'examens, on décida que tous les organes étaient sains, sauf la rate, que l'ascite venait d'elle et qu'il fallait l'enlever. Le malade répondit avec une bonhomie qui fit plaisir au savant : "Docteur, faites ce que vous voudrez. Je vous obéis comme au bon Dieu." L'opération eut lieu aux Violettes et fut faite par le chirurgien qu'avait désigné le docteur Fiessinger, le professeur Baumgantner. Le professeur Fiessinger envoya son neveu, interne à la Charité, prendre la rate pour le laboratoire.

L'opération fut heureuse, mais la convalescence fut longue. On pria, à la maison mère et à Chevilly, le Père Libennann, et enfin le malade s'habitua à n'avoir plus de rate. Quelques mois après, avec l'assentiment des docteurs, il demanda au supérieur général àreprendre rang parmi les travailleurs. Il revint à la Guadeloupe où il fut reçu comme un miraculé, avec un contentement unanime et une joie très grande. De retour de son premier congé de convalescence, le Père ne fut pas tout de suite affecté à Versailles. Les religieuses l'y demandaient cependant ; mais son évêque l'envoya goûter le ministère paroissial. Il fut six mois vicaire à Grand-Bourg, puis 18 mois curé à Baie-Mahault.

C'est dans cette dernière paroisse qu'il eût à souffrir, comme ses ouailles, des désastres du cyclone de 1928. Son église et son presbytère étaient en ruines. Une raison de plus de se dévouer et d'aider ses paroissiens réduits, pour beaucoup, à la plus grande misère. Le Père habitait dans un coin de son presbytère renversé ; mais bientôt, d'entente avec la municipalité, le marché couvert fut transformé en église. La vie religieuse et paroissiale continua comme si la catastrophe ne s'était pas produite.

Le zèle et la charité du Père furent si grands que sa mémoire est restée en estime et en vénération à Baie-Mahault.

Nous le retrouverons aumônier de Versailles en 1929 ; mais en 1932 il dut faire ses adieux à ce pensionnat, où il n'a laissé que des regrets. Après son opération il fut curé par interim des Trois-Rivières, puis nommé curé de Bouillante et Dépendances. Jamais le Père ne fut plus heureux à la Guadeloupe que dans cette paroisse, pénible à desservir, mais bonne. L'argent y manque ; mais grâce à ses relations le Père sut s'attirer pour elle des ressources et des cadeaux. Le presbytère se meubla et devint une maison confortable et hospitalière. Un monument dédié au Sacré-Cœur fut construit sur la terrasse devant la salle à manger, le clocher de la chapelle de Pigeon fut doté de deux cloches : Madeleine et Marie-Antoinette. A Bouillante, comme à Pigeon, de belles statues vinrent occuper des socles vides ; un superbe Christ, face à la chaire, attira le regard -des fidèles ; les travaux de la sacristie et de l'église se continuaient petit à petit, les ornements devenaient de plus en plus beaux. C'est que le Père avait il grand goût", on disait qu'il était "cérémonieux", c'est-à-dire qu'il aimait les cérémonies de l'église.

Les enfants du catéchisme étaient l'objet d'une sollicitude toute particulière : ils priaient et chantaient bien.

Pour occuper ses loisirs et se distraire, il cultivait aussi un magnifique jardin potager. Entre lui et la gendarmerie voisine, c'est à celui qui aurait les plus beaux légumes. Le Père se vantait d'avoir eu un jour le 1er prix décerné par le capitaine Guillevic qui passa en inspection le jardin de la brigade et celui du presbytère.

Le 30 octobre 1935, le Père fut invité à prêcher à la Soufrière, point culminant de la Guadeloupe le jour de la bénédiction de l'Ajoupa. Il fut heureux de faire cette ascension et donna la preuve qu'il était devenu robuste à nouveau.

L'avenir se montrait heureux pour la paroisse, mais le pasteur, qui ne comptait pas avec la fatigue, fut encore terrassé par la maladie. Une congestion pulmonaire double s'était déclarée.

Pendant qu'à l'hôpital de Saint-Claude le malade entrait en convalescence, il eut tout le côté gauche paralysé par une embolie cérébrale. On nomma un autre curé à Bouillante et notre malade, désormais infirme, fut envoyé à l'hospice de Thillac. Ce n'était ni sa place ni son milieu. Cependant il sut s'y rendre utile, sur place et dans les environs. La supérieure de Bouillon lui écrivait en ces termes pour le remercier de ses services : "Daignez agréer, Très Révérend Père, mes sincères remerciements pour tout votre dévouement à nos chers enfants... Je vous remercie encore une fois de tout votre dévouement et de la grande bienveillance que vous avez témoignée à notre établissement. Hommage de vive gratitude. Sr Emélie."

A Bouillon on continuait à garder le souvenir du Père et à le regretter. Un jour, il reçut de Mr Edouard Marsolle, qu'il aimait comme un frère aîné, cette lettre : "Sans cette cruelle maladie qui a tout gâté et remué le cœur de tous vos chers paroissiens, car laissezmoi vous le dire, ne croyez pas qu'on vous a oublié. Souvent, oh, très souvent j'entends prononcer votre nom, avec quelle respectable vénération ! et surtout avec quel regret de ne plus vous avoir ! et cela se comprend : comment pourrait-on ne pas reconnaître tout le bien que vous avez fait ici ?"

Lorsque le Père quittait les rives de France le 2 novembre 1921, il avait demandé à Dieu trois ans de vie active et de ministère sous le soleil des Tropiques. Sa prière fut largement exaucée puisque le Père, d'une santé pourtant précaire, a fourni à la Guadeloupe, non pas trois, mais vingt années de bon travail.

Le 28 octobre 1939, il eut le bonheur de célébrer à Basse-Terre dans la chapelle de Versailles le 250 anniversaire de son ordination sacerdotale. La Mère supérieure et le Père Aumônier du pensionnat tinrent à montrer au Jubilaire toute leur respectueuse sympathie et leur reconnaissance. Il y eut des chants, de la belle musique, à cette messe d'action de grâces. Plusieurs personnes de Basse-Terre et de St-Claude y assistaient. Après l'évangile, le Pèrre adressa à cette assistance d'élite ces quelques paroles :

" Mes Révérendes Mères, cher Père aumônier, Je vous remercie de m'avoir offert l'hospitalité de votre toit et de votre chapelle pour y célébrer le 25e anniversaire de mon ordination sacerdotale. Des noces d'argent, des noces d'or, c'est chose commune dans cette maison bénie. Mais il semble que dans les rangs du clergé cet événement est plus rare, surtout pour quelqu'un qui a reçu huit fois l'extrême-onction. Si la moyenne de la vie humaine est de'39 ans, c'est donc plus de la moitié de notre génération que nous avons débarquée au cours de notre traversée ; tandis que nous, passagers plus heureux, nous la poussons toujours, dans les océans dont nous n'apercevons pas encore les rivages. De ce bienfait, puisque la vie en est un, il convient de remercier Dieu. Je vous invite à unir aux miennes vos prières et vos actions de grâces.

" A vous aussi, mes chères Enfants et mes chers Frères, Merci... 25 années de sacerdoce ! Quelle responsabilité et que de grâces reçues pour soi et pour les autres ! Il me semble que le chant qui monte du cœur d'un prêtre sur ses lèvres, et de là jusqu'au ciel, en pareille circonstance, c'est le "Miserere" du repentir et le "Magnificat" de la reconnaissance. Je vous demande de les chanter avec moi et pour moi. Magnificate Dominum mecum.

" Demandez au Seigneur, qu'à mesure que j'approche du terme de ma course, je remplisse de plus en plus cette devise, cet idéal de ma vie sacerdotale ; " sentite in vobis quod et in Christo Jesu’, Ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus.

" A vous aussi, Monsieur le Curé du Carmel, qui représentez ici le pays de Bretagne, à vous, mes chères enfants, qui voyez s'étendre devant vous un long chemin et de vastes horizons, à vous tous, mes bien chers Frères, qui êtes venus assister à ce sacrifice de louanges, je souhaite de célébrer aussi, dans votre carrière, non seulement vos noces d'argent, mais encore vos noces d'or et de diamant, et surtout, surtout, au soir de votre vie, vos noces éternelles du Paradis.

Le Père Offrédo supporta avec résignation et patience les épreuves de ses dernières années, heureux de rendre service à tous, très touché des mille attentions qu'avaient pour lui ses anciens paroissiens et ses amis reconnaissants.

Il est décédé le 22 mai 1962, à l'âge de 74 ans, après 53 ans de profession. Il a choisi la Guadeloupe pour lieu de son repos. C'est le cimetière de Terre-de-Haut qui est devenu l'endroit de sa suprême quiétude, c'est là que ses amis de Versailles, de Grand-Bourg, de la Baie-Mahault, des Trois-Rivières et de Bouillante viendront lui offrir la prière du souvenir et le merci de la reconnaissance. C'est là sur cette tombe qu'ils comprendront mieux l'affection pastorale de leur ancien Père, puisqu'en mêlant ses cendres à ceux des Guadeloupéens, il leur a montré combien il leur restait uni jusque dans la mort.

La reconnaissance de ses anciens paroissiens est au diapason de l'affection de leur Père. Ils prieront pour que le prêtre qui fut "près de leurs âmes le serviteur de Dieu" soit désormais près de Dieu le serviteur de leurs âmes. Requiem aeternam dona ei Domine. Amen.

Page précédente