Le Père François Onfroy, 1873-1945.

François Onfroy est né le 19 juin 1873, à Granville où son père était fonctionnaire des Postes. Après ses études secondaires à Mortain, il fit ses études cléricales àCoutances sous la direction des Messieurs de Saint-Sulpice. Prêtre en 1896, il fut nommé vicaire à Notre-Dame-du-Vœu à Cherbourg. Malgré une santé d'apparence fragile, il y remplit, durant deux ans, le ministère paroissial en soutenant des œuvres diverses, dont le patronage et le cercle des jeunes gens.

Fils unique d'une mère d'une sensibilité extrême et d'une affection un peu tyrannique, il ne laissa apparaître sa vocation missionnaire que lorsqu'on lui eut promis qu'il serait toujours affecté en France du vivant de sa mère. Il fit son noviciat à Orly en 1898-99 sous la direction du Père Genoud. Un peu à part par son âge et son rang de prêtre, il ne sut peutêtre pas acquérir, au milieu des 80 jeunes qui l'entouraient, l'esprit d'équipe et l'âme communautaire.

Le Père Auguste Brault le décrit ainsi : "Il apparaît comme une figure d'exception parmi le commun des Pères du Saint-Esprit; non pas qu'il ne fut pas barbu àsouhait, dans la nuance blonde que comportait son origine de Manchot normand ; mais l'austérité de sa tenue, la gravité mélancolique de sa physionomie, l'harmonie flûtée de sa voix, le classaient à part. Le gros des spiritains consiste en laboureurs apostoliques, sans recherche et sans prétention, voire sans gêne, gens aptes àcultiver les friches du Père de famille, pour lesquelles l'Église trouve plus difficilement des ouvriers. Ce sont des chiffonniers, lui était plutôt un camelot en objets de luxe. Ses aptitudes et ses goûts le destinaient à soigner les plantes délicates de parterre et de serre... Notre prédicateur n'avait pas cette éloquence sonore propre à haranguer les foules populaires. Sa voix de ténor léger, sa parole onctueuse, son élocution paisible, ses développements pieux, empreints parfois de subtile mysticisme étaient plutôt appropriés aux auditoires dévots des écoles religieuses et des couvents. Ce genre n'est pas àla portée de tous, et il en cuit quelquefois de s'y risquer."

Il fut tour à tour maître des novices des Frères à Misserghin, des Frères à Chevilly, des Sœurs du Saint-Esprit à leur fondation de 1922 à 1928, et prédicateur apprécié en France et en Italie, dans les paroisses et les communautés d'hommes et de femmes.

L'obéissance religieuse l'amena à Langonnet le 25 mars 1944, pour accomplir son purgatoire dans la paralysie des membres inférieurs. Du moins, il eut la consolation, en somme crucifié lui-même, de célébrer le saint sacrifice jusqu'aux tout derniers jours. Enfin il s'éteignit lentement avec calme, pour reposer en paix, le 10 juin 1945, à l'âge de 72 ans.

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