Père Jean PERRIN
Décédé à Chevilly-Larue le 8 février 2003, à l'âge de 91 ans.
Né : 16/01/12, Marseille. Profès : 29/9/34, Orly. Prêtre : 5/7/42, Chevilly.

AFFECTATIONS :
FRANCE : Marseille (42-45).
MADAGASCAR : Ambilobe (45-54) ; Diégo Suares (54-58) ; Vohémar (58-61) ; Fénérive-Est (61-67) ; Vohémar (67-69) ; Antalaha (69-76) ; Ambilobé (76-83).
FRANCE : L'Arbresle (72-73, recyclage) ; Marseille (83-99) ; Vence (99-2003) ; Chevilly (2003).


C’est à Marseille, en 1996, que j’ai connu Jean. Dans notre communauté, il n’était pas de jour où nous n’évoquions tour à tour les pays dans lesquels nous avions séjourné. Chacun racontait comment il s’était adapté à ceux à qui il avait été envoyé, et ce qu’il avait fait. Jean n’était pas en reste, car sa mémoire était bonne, et vivace son attachement à la grande Ile : Ambilobe, Diégo Suares, Vohémar, Fénérive Est, Antalaha devinrent rapidement pour nous des noms familiers. Tout au long de sa vie missionnaire, la force de Jean résida dans son calme paisible, capable de venir à bout des pires difficultés. Les gens l’appréciaient pour son accueil, parfois bougon, mais toujours attentif et joyeux. Jean a traversé allègrement quarante ans de vie à Madagascar avec le sourire, semant la joie et la paix. A Diégo-Suares où il fut curé de la cathédrale, ses éditoriaux dans la feuille paroissiale étaient attendus et appréciés. On aimait sa tonalité et son optimisme, son sourire (toujours) lui permirent des interpellations qui n’auraient pas été acceptées autrement. Jean était ouvert aux idées nouvelles. Il n’invoquait jamais les valeurs anciennes pour brider les initiatives des nouveaux venus. Au contraire, il essayait d’entrer dans leurs vues et de les encourager. Une limite : le malgache, langue des petites gens, demeurera pour lui une barrière qui ne lui permettra pas de donner toute sa mesure.

A Marseille, il occupera différents ministères dont celui de curé de St Georges. Les paroissiens gardent de son passage parmi eux un souvenir éblouissant.

Jean fut un homme de Dieu : il aimait parler de sa relation à son Seigneur. C’est en Lui qu’il puisait sa joie de vivre. Il avait la conscience aiguë de ceux qui savent qu’ils ont tout reçu de lui et qu’ils lui doivent une reconnaissance incommensurable. Il ‘savourait’ sa chance de se savoir aimé de lui et de vivre dans son intimité: ‘C’est formidable’ répétait-il à chaque phrase. Pourtant, à Chevilly, il m’avoua que le Seigneur l’avait plongé dans une grande souffrance, celle de la dépendance et qu’il se demandait bien pourquoi. Il portait sur son visage la joie de l’être aimé et choyé, et en même temps l’anxiété de celui qui est éprouvé dans sa chair au delà de ce qu’il peut porter. Ultime purification ou ultime épreuve ? Jean s’est éteint sans bruit comme il avait vécu, paisiblement au milieu de ses frères spiritains de Chevilly qui le connaissaient à peine. Ce matin du 8 février, avant l’aube, la Vie qu’il avait reçue a quitté son corps fatigué, usé et à bout, pour s’en aller vers son éternité et recevoir de son Seigneur la récompense promise à ses amis.
Gabriel Myotte Duquet