Le P. Jacques PETERSEN
profès des vœux perpétuels, décédé, à la Maison-Mère, le 21 novembre 1954,
à l'âge de 54 ans et après 33 années de profession.


Le P. Jacques Ingeman-Petersen naquit le 4 octobre 1900 à Faxe­ Ladeplatz, dans le Vicariat apostolique de Copenhague, au Danemark Il fut d'abord baptisé par le pasteur luthérien, puis plus tard, à l'églis St-Charles de Monte-Carlo (28 avril 1911). Sa mère était venue, en effet habiter cette ville, et elle mourut à Monaco en 1914. L,'enfant fit se! études prima-ires chez les Frères des Ecoles chrétiennes. Le P. de Wau.bert, résidant à Monaco, s'occupa de lui et le fit admettre à l'école, apostolique de Suse, en octobre 1914, car Jacques avait manifesté le désii de devenir prêtre. De Suse, il passa au noviciat de Neufgrange, sous la direction du P. Liagre qui résume son jugement sur le novice en ce termes : « Nature très personnelle; s'est énergiquement combattu au noviciat; est bien lancé ». Il fit profession le 30 octobre 1920. De Neufgrange, où il était resté pour sa philosophie, il passa à Chevilly, y reçu tous les ordres jusqu'à la prêtrise, le 28 octobre 1926, et fit sa consécra tion à l'apostolat le 8 juillet 1927. Entre temps, il avait passé un an Allex, comme scolastique.

Nous nous contenterons ici de révéler les appréciations de ses direc­teurs; elles se ressentent de l'impression qu'il a laissée dans leur esprit.

Au début, on lui trouve « une extrême bonne volonté », et en fin d'année on le qualifie « d'énergique, d'intelligent, de travailleur, d'ori­ginal ». Par la suite, cette note d'originalité s'accentue avec ce correctif « nature riche, mais à ordonner et à discipliner ». L'année suivante, le même directeur, tout en maintenant son jugement favorable, insiste sur ce dernier point dans un sens tout particulier qui vise l'exécutioii journalière du règlement. Enfin, les dernières notes sont tout à l'espé­rance d'un proerès : « semble s'ouvrir et s'appliquer ».

En effet, le jeune P. Petersen est de caractère très personnel, ca­pable de tous les dévouements, mais ne regardant pas de très près pour faire ce qu'il juge utile et bon. Dans le reste de sa carrière, il se mon­trera jusqu'au bout tel qu'on nous le dépeint à la fin de ses études.

On lui chercha un supérieur qui, sans briser son initiative, sut, par son ascendant, le contraindre suffisamment pour les vrais intérêts des oeuvres dont on le chargerait. On pensa que Mgr Lerouge pourrait être ce supérieur, et on lui envoya le jeune Père qui fut placé à Brouadou sous la direction du P. Moélo, puis du P. Le Douarin. Enfin, le P. Petersen, devint lui-même supérieur de la station. Il était d'esprit indépendant et, aux yeux de Mgr Lerouge, il compromit le Vicariat: il en fut éloigné. Le Père présenta à la Maison-Mère sa justification : toutes ses initiatives, à son avis, étaient légitimées par les besoins de l'évangélisation et la défense de sa chrétienté. Mais des intérêts supérieurs étaient en jeu, contre lesquels il se heurtait.

On l'envoya en Haïti où dans une grande communauté il serait plus à l'aise et moins exposé à des écarts comme ceux qu'on lui reprochait Il y enseigna l'anglais, les sciences mathématiques, physiques, et nalurelles. Tout s'y passa très bien pour lui. Après sept ans, au cours des­quels on n'eut rien à lui reprocher, il alla à New-York voir son supérieur qui s'y faisait soigner. Il expliqua que désormais le collège de Port-au­Prince n'avait plus besoin de lui puisqu'étaient arrivés des professeurs capables de le remplacer. Il rentra donc en France et fut de nouveau en­voyé en Guinée. Mgr Lerouge l'acueillit favorablement et le plaça à Fara­nah qui passa bientôt sous la juridiction nouvellement créée du Préfet apostolique de Kankan.

En mai 1953, il revint en congé au cours duquel il se dépensa pour monter un film de court métrage « Guinée, pays de missions » qu'il eut la joie de terminer et de projeter en des conférences sur son champ d'action. Mais il se sentait déjà passablement épuisé. A peine de retour en Guinée, il dut revenir à Dakar pour se faire soigner : c‘était le can­cer . Espérant contre toute espérance, il arriva à Paris en compagnie de son frère. Renvoyé par les médecins à l'infirmerie de la Maison-Mère, il ne sortait plus guère de sa chambre, mais recevait volontiers les visi­tes de ses confrères. Son teint, profondément altéré, devenait de jour en jour plus terreux. Le pauvre Père souffrait beaucoup. Vers la mi ­novembre, on attendait la fin, et dans la nuit du 20 au 21, aux premières heures de la fête de la Présentation, la mort vint mettre un terme à ce douloureux calvaire.

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