Mgr Mathurin PICARDA,
1845-1889


Mgr Picarda est né le 12 mai 1845 à Meslan. Ses parents, Mathurin Picarda, qui fut longtemps maire de la commune, et Jeanne Stanguennec, aux mœurs vraiment patriarcales, après avoir reçu de Dieu six enfants, comme autant de bénédictions, n'hésitèrent pas à les lui rendre, quand il les leur demanda. On les vit donner, l'un après l'autre, leurs quatre fils à la Congrégation pour en faire autant de missionnaires ; une fille se déroba à leur tendresse pour aller chercher, à l'ombre du cloître, un autre genre de sacrifice, non moins méritoire peut-être, ni moins utile au salut des âmes.

Elève de N.D. de Langonnet, le jeune Picarda ne résista pas au désir de suivre les missionnaires qu'il voyait partir en Afrique. Il fut admis à l'oblation le 20 mars 1865 ; il avait alors vingt ans. Les maux de tête dont il souffrait le mirent dans la nécessité d'interrompre son travail au grand scolasticat, et on l'envoya pour un temps au séminaire-collège de la Martinique. Il fut bien reçu et fort apprécié par le R.P. Emonet, alors supérieur du collège de la Martinique. C'est lui encore qui, devenu Supérieur général, le proposera à l'épiscopat.

Il revint à Chevilly pour son noviciat, où il reçut l'ordination sacerdotale le 16 mars 1872 et fit profession le 25 août suivant. Son obédience le rappela au séminaire-collège de la Martinique. Deux ans plus tard, il fut envoyé au Morne-Rouge pour aider à desservir le Pèlerinage de Notre-Dame de la Délivrande, confié aux Pères de la Congrégation. Il s'y consacra tout entier, durant neuf ans. On vit s'élever successivement une chapelle en l'honneur du Sacré-Cœur, derrière l'abside de l'église ; un calvaire, au haut de la colline du cimetière ; enfin, dans le creux d'un délicieux ravin, une grotte de Lourdes ravissante, du fond de laquelle se détache la blanche statue de Marie Immaculée. Selon l'esprit da la congrégation, le P. Picarda savait aussi faire une large part, dans son ministère, aux âmes les plus pauvres et les plus délaissées ; c'était alors les coolies indiens.

Rappelé en France en 1883, sa seconde obédience le fixa au Sénégal. Mgr Riehl l'affecta à la cure de St-Louis, et le choisit bientôt pour Vicaire général. A la mort de son évêque, dès l'armée 1886, le P. Picarda administra par intérim l'ensemble de la juridiction durant une année. Le 19 juillet 1887, un bref du Souverain Pontife le nommait Vicaire apostolique de la Sénégambie avec dignité épiscopale. A sa demande, Mgr Bécel, évêque de Vannes vint le consacrer à St-Louis du Sénégal. Après les fêtes, il fit un pèlerinage à Ste-Anne d'Auray, embrassa pour la dernière fois sa vieille mère, et se rendit à Rome pour solliciter la bénédiction du Pape Léon XIII. Le jour de la Toussaint, c'est lui qui ordonna prêtres les nombreux novices de Chevilly. Enfin, le 5 novembre il repartit pour le Sénégal.

Le très court laps de temps de son pontificat fut marqué par deux évènements principaux : la fondation de la mission de Poponguine, le mardi de la Pentecôte 1888, et l'inauguration du pèlerinage de N.D. de la Délivrande ; et d'autre part, dès le mois d'octobre suivant, l'envoi d'une caravane de 6 missionnaires pour la fondation de la lointaine mission de Kita au Soudan.

Dès le mois de novembre, la fièvre ne le quittait plus, et un énorme abcès du genou droit précipita sa fin. Le 22 janvier 1889, le pieux évêque rendait son âme à Dieu. Il n'avait que 43 ans.

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