M. CHARLES-MARIE PICHON
(1747-1810)


M. Charles-Marie Pichon, né le 13 octobre 1744, à Mussy-l'Évêque, diocèse de Langres, fut reçu associé le 19 juillet 1772. I1 remplit les fonctions de procureur au Séminaire du St-Esprit, à Paris, jusqu'à la fermeture de cette maison en 1792.

Par suite des maladies et des infirmités qui accablaient son Supérieur, le vénéré M. Duflos, le soin des affaires du Sémi­naire revenait à M. Pichon. Il était, de ce fait, considéré comme le Supérieur de l'établissement, bien qu'il n'en eût point le titre.

M. Pichon resta a Paris durant la Terreur. Les bâtiments du Séminaire, confisqués au profil de l'État, ne trouvant pas immédiatement d'acquéreur, M. Pichon put occuper comme locataire son ancienne chambre jusqu'au 18 fructidor an V (4 septembre 1797).

Tout en prodiguant ses soins empressés au vénérable M. Duflos, il s'occupait avec zèle et fruit des fidèles désireux de recevoir les sacrements et d'assister au saint sacrifice de la messe. Après le vote de la loi du 18 fructidor, il se vit dans l'alternative ou de prêter le serment « de haine à la royauté et à l'anarchie, d'attachement et de fidélité à la République et à la Constitution de l'an III », ou de cesser son ministère auprès des âmes. Plusieurs prêtres de la capitale, d'une vertu éprouvée, ne crurent pas pouvoir priver ainsi un grand nombre de personnes des secours de la religion. M. Émery, qui avait la haute direction du conseil archiépiscopal, en sa qualité de grand vicaire, approuvait la conduite de ces prêtres. M. Pichon se crut suffisamment autorisé à suivre leur exemple et prêta le serment exigé, le 29 vendémiaire an VI (20 octobre 1791), comme il avait déjà prêté pour les mêmes motifs, en février 1793, le serment de liberté et d'égalité.

A cette même époque, une recrudescence de la persécution contre les prêtres le força à chercher un autre asile. Il s'établit, avec l'abbé Guérin, au n°13 (aujourd'hui n° 19) de la rue des Postes.

En 1800, la chapelle du Séminaire du St-Esprit ayant été rouverte au public, M. Pichon y exerça de nouveau le saint ministère. Il mourut à Paris le 8 octobre 1810, à l'âge de 63 ans, dans une maison de la même rue des Postes, au n° 31.

M. Pichon jouissait de l'estime et de la confiance des Supérieurs ecclésiastiques, des bons prêtres et des fidèles. Sa piété, sa constance, son zèle pour la religion et le salut des âmes, sont hautement reconnus dans l'article suivant d'une Revue catholique, publiée par Mgr de Boulogne, évêque de Troyes, sous le titre de Mélanges de Philosophie, faisant suite aux Annales catholiques, etc. (t. IX, p. 464) :

Paris : « Le clergé de Paris a perdu un de ses membres les plus respectables dans la personne de l'abbé Pichon, décédé dans cette ville il y a quelques semaines. Il avait été Supérieur du Séminaire du St-Esprit, rue des Postes ; et depuis la destruction de cette féconde pépinière de missionnaires et d'ecclésiastiques vertueux, il n'avait, cessé de donner des preuves de ce zèle et de cette charité apostolique qu'on puisait dans cette maison. Ni la Terreur, ni les dangers qui l'environnaient de toutes parts à cette époque, où la vertu était plus persécutée que ne le fut jamais le crime, aucune considération personnelle, aucune vue humaine ne put jamais l'empêcher de se livrer aux fonctions utiles de son ministère, au soulagement des malheureux, aux soins que pouvaient réclamer les affligés. Son caractère, toujours loyal et d'une franchise digne des temps antiques, ne se démentit jamais. Il avait, même dans les conjonctures les plus difficiles, un calme et une teinte de gaieté qui ne peuvent exister que dans une âme pure et à l'abri de tout reproche. Il vit approcher sa fin avec toute la résignation d'un chrétien, avec toute la dignité d'un ministre des autels. Il demanda les sacrements de l'Église avec cet empressement qui convient à la véritable piété, et voulut même, dans ce moment si imposant et si solennel, ménager les sollicitudes de l'amitié, les frayeurs de la tendresse fraternelle qui veillaient auprès de son lit de mort. Il essaya de consoler des parents et des amis qu'il savait bien devoir être inconsolables, et mourut comme il avait vécu, dans les saints exercices de la religion.

Tout le peuple de la Paroisse St Médard, à laquelle il était attaché, voulut assister à ses funérailles. La ville de Mussy-l’Evêque, en Bourgogne, son pays natal,lui a donné des preuves non moins éclatantes de son estime et de ses regrets.

Page précédente