Le Père Arsène Poignant,
1900-1982

(C'est le Père Paul Roptin, originaire de Lisieux, qui a rédigé la notice concernant le Père Arsène Poignant). C'est en 1937, élève de troisième au collège Saint-Paul de Cherbourg, que j'ai rencontré, pour la première fois, le Père Arsène Poignant, un "ancien" de ce même collège. Il avait alors 37 ans, étant né à Cherbourg le 16 juillet 1900. Il était entré au noviciat d'Orly en 1922, et avait fait profession le 11 octobre 1923. Le 28 octobre 1925, il était ordonné prêtre i l~i maison mère, et partait pour Madagascar l'année suivante. C'est donc à son premier retour que je le vis, alors qu'il venait de passer 10 ans dans la grande île. Au milieu de difficultés de toutes sortes, il venait de fonder une nouvelle mission. Il n'eut pas trop de toute sa force de caractère, et de son sens de l'organisation, pour mener à bien ce travail.

En 1948, envoyé moi-rnême à Madagascar, j'ai retrouvé le Père Poignant. Il venait de vivre des années éprouvantes. Par obéissance, il n'était pas retourné à son premier poste. En 1942, on lui avait confié la première école de catéchistes du diocèse, qu'il dirigea pendant six ans. Ses anciens élèves sont restés des hommes ponctuels et de sûre doctrine. Pendant treize ans encore, le Père œuvra à Madagascar comme archiviste, mais gardant le contact avec les gens : classe de chant, aumônerie des religieuses, directeur spirituel, et finalement vicaire à plein temps à la cathédrale.

C'est de là qu'il gagna la Réunion en 1961, où il put se donner totalement au ministère : d'abord à Sainte-Marie comme curé, ensuite, quand une crise cardiaque le terrassa en 1969, il prit sa retraite à la paroisse de la Trinité. Jusqu'à la limite de ses forces il travaillera : directeur spirituel de la Légion de Marie, il prend sa part et dans le ministère de la Pénitence et dans la célébration de l'Eucharistie.

Et pourtant en 1976, quand je le retrouve, il a dû abandonner toute activité. Il est toujours très droit, ponctuel ; mais c'est maintenant pour lui le temps de la prière prolongée, de la correspondance, de la lecture et même d'une étude des lettres de Saint Paul, qu'il commentait. En juillet 1982, une occlusion intestinale l'obligea à s'aliter ; il ne se relèvera plus. Il ne parlait plus guère, mais jamais il n'oubliait les "Bonjour", "Bonsoir", "Merci". Habitude ? Non! Politesse, la"fleur de la charité". Il est décédé le 29 août 1982 : il avait 82 ans.

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