Le Père Jean PRAT,
1868-1952


Jean Prat naquit à TARBES, le 9 novembre 1868. Son père était cultivateur et dirigeait une exploitation de quelque importance. Après ses études au petit séminaire diocésain de Saint-Pé, il fit la majeure partie de sa philosophie et de sa théologie au grand séminaire diocésain où il fut ordonné sous-diacre. Et c'est alors seulement qu'il entendit le premier appel de Dieu pour les missions. Jusque là, il n'avait rêvé que d'une petite vie tranquille de curé de campagne au pays natal. Et voilà qu'il est pris d'un beau zèle, dans le style de Chicard, le ChevalierApôtre alors en grande vogue. Il demande son entrée dans la Congrégation en juin 1894. Il fut admis sans peine, car il avait de très bonnes notes de ses supérieurs. Entré au noviciat de Grignon, le 18 septembre 1894, il y passa sans bruit, fidèle dès le premier jour jusqu'au dernier à toutes les observances. Ordonné prêtre à la Maison Mère, sur dimissoires de l'évêque de Tarbes, le 22 décembre 1894, il fit profession, le 6 octobre 1895, après avoir achevé l'année canonique du noviciat.

Il fut désigné pour l'Oubangui et passa successivement, de janvier 1896 à juin 1901, à Brazzaville où il eut à s'occuper de I'œuvre des enfants et eut l'initiative de placer les premiers catéchistes dans les villages voisins ; de juin 1901 à septembre 1902, à Notre-Darne de Lékéti de septembre 1902 à avril 1918, à Saint-François-Xavier de Boundji (1) d'avril 1918 à octobre 1922, de nouveau à Notre-Dame de Lékéti puis à Boundji. A la fin de 1932, il est à Mindouli "sur sa demande", fait-il observer. En 1936, on le retrouve à Kibouendé.

Rentré en France en 1903, il séjourna à Bordeaux. Son second congé en 1910, fut passé à Fribourg, et celui de 1923, à Tarbes. Il eut encore un congé en 1931 avant de rentrer définitivement en Europe, en 1937. Le premier témoignage que donne de lui Mgr Augouard (16 mars 1898) est élogieux : "Le P. Prat est un excellent religieux, obéissant et dévoué, vraiment pieux ; avec un peu de pratique, il donnera un bon et excellent missionnaire "

Cette pratique que lui souhaitait son supérieur, il l'acquit très vite par son assiduité au saint ministère, à l'enseignement du catéchisme et à l’étude des langues indigènes. Il composa catéchisme, livre de piété, grammaire, dictionnaire. Il se munit d'une petite presse à imprimer, tirant deux pages à la fois. Il aurait voulu faire mieux pour être plus utile. Son unique objectif fut de rendre service et, si parfois il se trompa, son intention n'en resta pas moins toujours pure et droite.

A son retour, en 1937, on lui assigna pour résidence l'Abbaye de Langonnet. De là, il rendit visite à sa famille et la guerre le surprit à (1) Tarbes. Il resta donc parmi les siens jusqu'à ce que les communications fussent rétablies entre le Sud et le Nord. Il fut heureux de se reposer enfin dans la solitude. Il ne vivait plus que pour lui-même et pour Dieu.

Il parlait peu, sauf quand on abordait son sujet familier, les langues bantoues. Il défendait alors ses idées sur les langues "nitales", traitant de haut ses contradicteurs, il donnait ainsi à ses confrères une récréation toujours nouvelle. Puis, avec l'âge, vinrent les infirmités. Il se confina dans sa chambre, heureux pourtant de recevoir la visite de ses amis d'autrefois, ses contemporains. A plusieurs reprises on le crut près de rendre l'âme, mais sa robuste constitution reprenait le dessus, et il continuait de survivre, sans se plaindre, entouré, il est vrai, de soins assidus. Il reçut les derniers Sacrements à deux ou trois reprises. Au début de janvier, il déclina sérieusement, il ne pouvait plus se traîner seul de son lit à sa table pour prendre quelque nourriture. Il mourut le 12 janvier 1952 : il avait 83 ans.

(Cette notice a été rédigée par le Père Cabon en 1952.) cf. le livre du P. Legrain sur la vie du P. Jeanjean qui fut le compagnon du P. Prat àBoundji. (p.57, Ed. Cerf,1994)

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