Le Père Julien PRONO,
1852-1908


Julien Prono naquit à Plumergat, diocèse de Vannes, le 6 juin 1852. Son père, Jean Prono, quoique aveugle, exerçait le métier de rebouteur. Sa mère, Julienne Maligom, avait été mariée en premières noces à Thuriaf Oliviéro, dont elle avait eut un fils. A cinq ans, Julien commença à fréquenter l'école ; aux jours de congé et aux heures de récréation, il servait de guide à son père. Celui-ci étant mort en 1863, Julien, quoiqu'il n'eût que onze ans, laissa l'école pour aider sa mère dans les travaux domestiques, car son demi-frère était déjà sous les drapeaux. Onze mois après, il avait le malheur de perdre sa mère. Il en éprouva une douleur qui ressemblait au désespoir. Il nous a dit qu'aux funérailles, il voulait se jeter dans la tombe de cette mère tant aimée et être enterré avec elle...

Seul, orphelin, il travailla les champs de sa petite ferme avec un domestique, jusqu'au retour de son demi-frère. Puis il songea à remplir une promesse qu'il avait faite jadis à sa mère. Un jour, seul avec elle, elle lui avait dit : "Oh ! que je serais heureuse si tu étais prêtre un jour" Et Julien avait répondu : "Oui, mère, je serai prêtre". Il demanda donc à son tuteur de commencer ses études. En 1865, il était externe chez les Jésuites de Vannes ; l'année suivante, il entrait au petit Séminaire de Ste-Anne d'Auray ; mais une épidémie de dysenterie ayant fait licencier les élèves de cet établissement, Julien revint à Vannes où il poursuivit ses études jusqu'en 1870.

La guerre déclarée, il voulut s'engager. On le traita de fou. Cependant, le 8 novembre 1870, il partait pour le Mans en costume breton ; et le lendemain il portait "un méchant petit uniforme de zouave". Il prit part à plusieurs combats. La guerre étant terminée, Julien, sur sa demande, fut libéré le 28 mars 1871; il revint à Plumergat, et retouma au collège des Jésuites pour pousuivre ses études.

Cependant pendant les vacances suivantes, il fit une retraite et décida d'entrer chez les missionnaires. A Langonnet en 1872, il fit un stage de trois ans en Haïti de 1874 à 1877. Prêtre à Chevilly en 1880, il faisait profession en 1881 et recevait son obédience pour la Martinique. Au collège de St-Pierre, il est d'abord surveillant, puis professeur et préfet de discipline. Mgr Carméné venait lui-même, à l'occasion des examens, le complimenter en public sur ses élèves et sur sa méthode.

Durant son congé de 1890, il est affecté à Mesnières comme professeur de seconde et sous-directeur du collège.

Il retourne de nouveau en Martinique de 1892 à 1896. Il réapparaît au collège de St-Pierre, où il est à la fois supérieur local et supérieur de district, ainsi qu'aumônier des Sœurs de St-Joseph de Cluny.

Il est ensuite un an au scolasticat de Langonnet ; puis envoyé de nouveau deux ans à Port-au-Prince en Haïti. De retour en France, il est attaché à la maison mère, puis à Langonnet supérieur de la communauté. Il rejoint ensuite Chevilly, comme maître des novices-frères puis supérieur de la communauté. Partout il est à la hauteur de la situation.

Après le chapitre général de 1906, il obtient enfin l'affectation qu'il désirait tellement, en Afrique. Il est affecté à St-Louis du Sénégal, curé de la paroisse et supérieur de la communauté à la place du Père Jalabert nommé vicaire général. Ce sera son dernier champ d'action. Il y dépensera ses dernières forces. En septembre 1907, le pauvre père tombait pour ne plus se relever. Le 20 mars 1908, après 4 mois de souffrances, endurées avec un courage et une résignation admirables, il remettait son âme à Dieu, à l'âge de 55 ans.

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