Le Père Joseph QUELVEN,
1886-1914


Le P. Quelven naquit le 1er octobre 1886 à Baud. Voici en quels termes le présentait à son entrée dans la congrégation M. l'abbé Dréanic, vicaire de sa paroisse, son premier maître, dans une lettre datée du 3 septembrc 1905 :

" Joseph Quelven vient de finir sa rhétorique à Sainte-Anne d'Auray et il désire vivement devenir "Père de Langonnet", comme on dit vulgairement dans notre diocèse, c'est-à-dire du Saint-Esprit et du Saint-Cœur de Marie. Ce jeune homme est d'une excellente famille : il a un frère prêtre et une sœur religieuse de la Sagesse. Il est lui-même bien doué : il a une solide piété, un caractère on ne peut plus heureux, un sens très droit. Il est grand et fort. Je crois qu'il a tout ce qu'il faut pour faire un excellent missionnaire. C'est son plus vif désir.

Sa demande personnelle et les recommandations de M. le supérieur de Sainte-Anne arrivaient peu après. Le désir du jeune aspirant était de faire sa philosophie déjà dans l'une de nos maisons.

Le 26 septembre 1906, il était reçu à Chevilly et admis comme novice le 30 du même mois. Ses notes du noviciat le rangent parmi les bons sujets : " Bon enfant, est-il dit de lui, très bien disposé, grand esprit de foi, très dévoué. N'est-il pas cependant un peu " endormi comme un de ses directeurs le signale en passant ? Non, c'est timidité, une grande défiance de lui-même, ainsi qu'on l'observera plus tard.

En attendant le voilà appelé sous les drapeaux et accomplissant ses deux ans de service militaire. Il s'en tire à son avantage. Avant de partir pour la caserne, il avait fait sa profession religieuse le 11, octobre 1906, et reçu la tonsure le 14 juillet 1907. En 1909, il reprend en deuxième année le cours de ses études ecclésiastiques et de ses ordinations. Le 28 octobre 1912, il est ordonné prêtre.

Pendant cette seconde période de sa formation religieuse, il a donné toute satisfaction. Ce que confirment les notes présentées à son sujet pour chaque ordination. " Très bon scolastique, est-il dit, animé d'excellentes dispositions, très dévoué, pieux et d'un grand esprit de foi ; quelque timidité contre laquelle il réagit, bon caractère."

Le 22 octobre 1911, il avait renouvelé ses premiers vœux pour cinq ans. Le 13 juillet 1913, il faisait sa consécration à l'apostolat et était peu après envoyé au Sénégal et placé à Ziguinchor.

Que devient-il dans sa nouvelle situation ? Ce qu'il avait toujours souhaité, tout en donnant de précieux gages : un missionnaire selon le Cœur de Dieu et l'esprit du vénérable Père. Aussi fut-il universellement aimé ! Et quand, sous les coups si vite sentis d'un mal mortel, il dut quitter son poste et rentrer en France, quelle consternation et quels regrets chez nos bons noirs !

Nous n'avons pour le suivre dans cette dernière et courte étape de sa vie, que la lettre suivante d'un de ses frères. Elle date du 8 novembre 1914: "Vous savez sans doute que notre frère est revenu d'Afrique en septembre, bien malade, le moral très atteint. Après plusieurs semaines les idées noires ont complètement disparu. L'âme en repos, Joseph a été très édifiant. Il priait sans cesse, se remettait à la volonté de Dieu, se donnant tout à lui. Il connaissait son état et il s'était résigné à la mort. Cette mort a été très douce. Il a rendu le dernier soupir les yeux fixés sur la croix qu'il a baisée jusqu'au dernier instant. Quelque temps auparavant il a parlé de sa mission, des noirs. Il était 4h30 quand il a cessé de vivre. M. le curé l'avait assisté avec la plus grande bonté. Nous n'oublierons pas la congrégation du Saint-Esprit dans nos prières et nous aurons un souvenir spécial pour la mission où notre frère a commencé son apostolat.

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