Le Père Pierre QUéRO,
1881-1916


Pierre Quéro est né à St-Thuriau, canton de Pontivy, le 3 mai 1881. Orphelin de père et de mère, il fut recueilli par une tante. Elève du petit séminaire de Ste-Anne d'Auray, il songea très tôt au service des missions.

Il fut admis au noviciat dès sa sortie de rhétorique. Admis à la profession religieuse, le Père Maître notait en 1901 : "M. Quéro est une petite âme du bon Dieu. Il peut aller loin dans la perfection. " Le Père Fraisse, à la fin de sa préparation au sacerdoce, notait simplement : "Termine comme il a commencé, c'est-à-dire très bien." Prêtre en 1905, il rejoignit le Sénégal en 1906.

Chargé d'ouvrir un petit, ou même un pré-séminaire à Ngasobil, il reconnaît qu'il n'a que trois élèves dont le plus fort est du niveau de la cinquième. Il s'y consacre de tout son cœur, avec humilité et bienveillance, désireux d'admettre plus tard tous les élèves de bonne volonté, sans engagement définitif de leur part (ce serait trop demander à leur jeunesse, et à la situation peu développée encore de cette jeune chrétienté). Il recherchera donc un plus grand nombre d'élèves pour les années suivantes. En attendant, il apprend la langue locale, et initie ses trois élèves à l'apostolat, en allant avec eux faire le catéchisme dans un village ; "cet apostolat leur plaît beaucoup, ils ont pu de la sorte préparer six enfants à la première communion."

Deux après, il écrit : "Je m'occupe de mon mieux de mes sept séminaristes. Vous voyez que le nombre a augmenté. Le plus fort de ces enfants ferait, je crois, un bon élève de troisième en France ; les autres s'échelonnent ensuite jusqu'au dernier qui lit à peu près les syllabes séparées. A eux sept, ils forment six divisions. La piété et le travail de ce petit nombre de séminaristes font oublier la peine qu'on se donne pour eux." Pour lui, il se perfectionne en wolof et s'initie au sérère. "Chaque samedi soir, après la classe, j'enfourche une bicyclette et en vingt minutes je me trouve au milieu de mon village habituel oû, au dire de tout le monde, il y a là une chrétienté fervente et simple. Dès mon arrivée ils m'entourent et viennent causer avec moi, conversation à laquelle on mêle du chant, des avis, une lecture, une sorte de catéchisme de persévérance, etc... qui se prolonge souvent bien avant dans la nuit. Le dimanche je suis heureux de donner la communion à un bon nombre de personnes. Les chrétiens deviennent de plus en plus nombreux ; et par bonheur il n'y a que deux musulmans : encore ne sont-ils marabouts que le jour, m'a-t-on dit, car le soir, gare la bouteille ! "

C'est ainsi qu'il a vécu, heureux en faisant le bien autour de lui, jusqu'au moment où la tuberculose, pour lui aussi, a trop vite donné un terme à sa vie. Il est décédé à Chevilly, à 35 ans, le 24 février 1916.

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