R.P. RENARD Raphaël

Né à Stockay (St Georges), 20/03/1913
Décédé à Kongolo, 1/01/1962
Nationalité: belge
Profession à Orly (Fr): 8/09/1932
Sous-diaconat à Leuven: 14/03/1937
Diaconat à Leuven: 22/05/1937
Prêtrise à Leuven: 11/07/1937
Consécration à l'apostolat à Leuven: 10/07/1938
Voeux derniers à Leuven: 8/09/1935

LE PERE RAPHAEL RENARD

l) Sa jeunesse
Issu d'une famille très chrétienne, Raphaël Renard est né le 20 mars 1913 à Stockay.
Peu après sa naissance, sa famille vient habiter aux Awirs dans une maison de la rue Héna, aujourd'hui détruite... pour faire place au terril de l'UNERG. Il fut élève à l'école primaire des Awirs.
D'un caractère malicieux, enjoué, il aimait rendre service. Il a été un très bon scout (totem: renard gai); en fan du football, il suivra encore en Afrique les commentaires de Luc Varen.
Elève très studieux, acolyte dévoué,il n'hésitait pas à se lever très tôt le matin pour être le premier à l'église car il aimait servir la messe à droite afin de porter le livre de droite vers la gauche, de gauche vers la droite; et d'agiter la sonnette.
En ce qui concerne son éducation religieuse, nous avons dit qu'il était acolyte. Il a d'ailleurs été tout particulièrement influencé par l'Abbé Reymen, prêtre aux Awirs à l'époque. Cette influence est reprise par l'Abbé Sébire, remplaçant de l'Abbé Reymen, qui lui propose d'être prêtre missionnaire.
Il en parle à ses parents, qui, décontenancés et émus mais fiers d'avoir un fils prêtre, acceptent.
Ces deux prêtres ont guidé Raphaël vers une vie toujours plus vouée à Dieu. Il fit sa Communion Solennelle aux Awirs et sa confirmation à Hozémont. Après ses études primaires, il alla au Collège des Pères Spiritains à Gentinnes près de Gembloux.
Il part accompagné de son père à destination de Gembloux, mais ils se trompent de train, et arrivés à Bruxelles, un contrôleur sympathique leur ayant donné un autre billet en tant que voyageurs dévoyés, les remet sur le bon train.
Au collège, il subira l'influence du Père Supérieur dont il héritera de son caractère minutieux. De tempérament généreux, il est émerveillé par le zèle des missionnaires, ceux de Gentinnes en particulier, qui vont porter au loin la Bonne nouvelle de Jésus Christ. Il comprend alors que le Seigneur a besoin de lui, et entre au Séminaire des Pères Spiritains à Louvain, où il étudie entre autres la philosophie et la théologie.
A Anvers, il suivit les cours de médecine tropicale.
Ordonné prêtre le 11 juillet 1937, il célébra sa première messe solennelle aux Awirs le 18 juillet de la même année.
Et quelques mois plus tard, il embarque pour le Congo où pendant 25 ans, il se mettra au service de ses frères africains. Il a fait le don de sa vie mais ne pouvait s'imaginer combien ce serait le don total.

2) LE PERE RENARD MISSIONNAIRE
Au début de novembre 1938, vers 9 h du soir, le Père Renard arrive à Kindu par le bateau courrier. Là, l'y attendaient Mgr Haezaert, les Pères Jan Vander Heyden et Léo Seyssens
ainsi que deux frères missionnaires. Il reçut sa première nomination pour Kindu et l'arrivée de renfort fut très dignement fêtée jusqu'à minuit.
Le lendemain il fut confié au Père Léo Seyssens qui jusque là cumulait les fonctions de directeur d'école primaire et de l'école moyenne.
Le Père Seyssens se chargea d'initier le Père Renard à la direction de l'école primaire, et il s'occupa activement de 800 garçons qui l'appelèrent bientôt "Baba". Deux ans plus tard, le 13
juin 1940, un télégramme l'enjoignit de se rendre à Costermansville, située à 700 km de Kindu où était cantonné le bataillon auquel il était affecté en qualité de prêtre-infirmier. Ce bataillon était destiné à la campagne d'Abyssine.
Lors de cette campagne il commença un journal intime dans lequel il raconte des anecdotes ainsi que des détails plus pratiques tels que l'itinéraire suivi par son bataillon.
En voici quelques extraits:
"En ces derniers jours de juillet 40, je reçois un nouveau campement; le matelas paraissait tout neuf, mais "sépulcre blanchi", les crins étaient non seulement anciens mais infectés.
Deux nuits passées sur ce matelas et tout mon corps s'orna de petits boutons qui se développèrent en larges plaques. J'étais bel et bien couvert de "champignons". Et ce n'est
qu'en juillet 42 que j'en fus délivré après avoir été traité par 9 médecins différents. Pendant deux ans je leur servis de cobaye sur lequel ils expérimentèrent leurs divers médicaments.
En juillet 42, je m'embarque sur le bateau "Eendracht" à destination de Stanleyville. Les eaux étant trop basses, le bateau alla s'enliser dans un banc de sable. Le choc fut violent et j'étais occupé à dire la messe. Je venais de terminer la consécration du pain quand cela arriva; je fus projeté sur mon lit car nous disions la messe dans notre
cabine. Tout l'autel se renversa sur moi. Le bateau se dégagea rapidement; je remis l'autel en place et pu achever le St Sacrifice. Toute cette journée je fus nerveux et comme ma tête avait violemment heurté la cloison, je souffrais de maux de tête.
Durant ces 4 années de vie militaire, nous avons traversé notamment, la Nigérie, le Cameroun français, le Tchad, le Soudan, l'Egypte... Et cela en compagnie de mon
commandant le Lieutenant Grignet (autrefois back au F.C. Tilleur) Mais la vie n'était pas toujours rose car le peu de sanitaire et la mauvaise nourriture étaient les aléas du soldat."
En décembre 40, il écrit: " En quittant Costermansville en juin, nos soldats y avaient laissé femmes et enfants; nous stationnions depuis plus de 5 mois et nous
n'entrevoyions pas encore un départ prochain pour un théâtre d'opérations, aussi la séparation des épouses et des concubines ainsi que des enfants commençaient à peser lourd au cœur de nos soldats. Mais dès la fin-novembre, les femmes purent rejoindre leurs maris. On se mit à construire des huttes plus spacieuses pour les hommes mariés. J'avoue avoir fait tous mes efforts pour hâter l'arrivée des femmes auprès de leurs maris; car je considérait que c'était un point capital, car le noir doit avoir une femme avec lui.
La population du camp s'était bientôt accrue d'un tiers par ces nouveaux arrivés. Il fallait soigner tout ce monde et on organisa même une école pour les gosses. C'est ainsi que, l'agent sanitaire étant en congé, je fus seul pour soigner les quelques 300 malades qui se présentaient
tous les jours à la visite: j'ai même dû faire des accouchements. C'était absolument nécessaire."
Le 8 octobre 1943, des bruits circulent concernant la démobilisation du Père Renard et sa prochaine rentrée au Congo; il boucle ses malles et remet tous ses services.
Le 9 il reçoit un contre-ordre disant que sa démobilisation était reportée à une date ultérieure.
En fin-octobre sont autorisés des congés de huit jours en Palestine. A cette occasion il put visiter Jérusalem, la ville sainte qui l'éblouit fortement. Il dit notamment:
" Oh qu'il fait bon demeurer et prier dans ce lieu auguste et sacré entre tous. Qu'il est doux de s'agenouiller là où se tenait Madeleine, au pied de cette Croix d'où descend le sang purificateur, de répéter là avec confiance la belle prière du bon larron" Seigneur souvenez-vous de moi, maintenant que vous êtes arrivé dans votre Royaume", de s'entendre dire avec le disciple bien-aimé : "Marie est votre Mère", de sentir enfin descendre sur notre âme dans ce temple de miséricorde le pardon du ciel que Jésus mourant a demandé pour nous."
En relisant son journal, on peut remarquer un incroyable courage chez le Père Renard, ainsi qu'une grande volonté de toujours mieux servir le Seigneur en se donnant aux
autres.
Démobilisé le 17 février 1944, il se rend à Kongolo où on ne lui trouve pas de travail missionnaire. Il s'ennuie et s'enferme dans sa chambre. Son humeur change beaucoup, car il se dit qu'il n'est pas venu au Congo pour se reposer.
Et devint en quelque sorte le précurseur d'une grève de la faim. Suite à ses revendications on le nomme supérieur à Manono où il dirigera la mission pendant six ans.
En 1950, malade, il revient aux Awirs où personne ne peut déceler sa maladie qui n'était autre qu'un manque de vitamines. A l'occasion de ce premier retour au pays natal, un car des Awirs vint l'accueillir à son arrivée, et l'église pleine de monde l'attend en récitant Pater et Ave.
Les braves fidèles l'attendirent plus longtemps que prévu, car le Père Renard s'était arrêté à Hannut pour se restaurer.
Fourbu et malade, il accepte pourtant de chanter un Salut.
Il restera 6 mois aux Awirs, puis prendra le chemin de Kindu où il retrouve ses fonctions d'avant-guerre.

En 1955 son père meurt; et en 1957 il revient aux Awirs et assiste sa mère dans ses derniers moments.
Au début 58, il repart pour Kongolo et dit à ses sœurs: "Papa et Maman sont morts, vous n'avez plus besoin de moi, mon devoir est là-bas."
A Kongolo il est nommé directeur du Petit Séminaire, et pendant la période des troubles il ne reçoit aucun courrier de ses sœurs qui pourtant lui écrivaient régulièrement.
Il termina sa carrière missionnaire à la direction du Petit Séminaire de Kongolo et mourut assassiné avec d'autres confrères spiritains à l'âge de 48 ans le 1er janvier 1962.


Uit "Het drama van Kongolo" (p.56)

Pater Rafaël, geboren in 1913 te Stockay-St-Georges, kwam in 1925 naar Gentinnes, waar hij uitblonk door zijn ernst, zijn werklust en dienstvaardigheid. Hij was een begaafd student, ietwat zwijgzaam, zeer evenwichtig en bedaard. In 1938 vertrok hij naar Kongo, waar hij meteen schoolbestuurder werd in Kindu. In 1940 werd hij gemobiliseerd. Vier jaar lang trok hij als legeraalmoezenier bij het belgisch expeditiekorps met zijn soldaten door heel Afrika : van Nigeria tot in het Midden-Oosten. Na de veldtocht van Abyssinië werd hij missieoverste in de mijnstad Manono. In diezelfde hoedanigheid organiseerde hij later in Kindu het schoolwezen, dat grote uitbreiding nam in dit belangrijk centrum. Het is als direkteur van het klein-seminarie van Kongolo dat hij zijn leven besloot.
Deze ijverige, verstandige en wijze priester had tijdens zijn 22-jarig verblijf in Kongo een grondige kennis verworven van de mentaliteit der zwarten, wat van hem een uitstekend opvoeder maakte. Met dezelfde kalme koelbloedigheid en het godsvertrouwen waarvan hij meer dan eens blijk had gegeven in de moeilijke omstandigheden van de laatste troebele jaren, is hij ook de dood tegemoet getreden.

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