Le Père Désiré RENAUD,
1836-1889


Désiré Renaud naquit, dans une modeste et pieuse famille, à Mauron le 9 septembre 1836. A partir de 4 ans, il répétait sans cesse : "Je serai prêtre". Sa vocation s'affirmant de plus en plus, il fut placé au collège de Ploërmel. C'est là qu'il connut la congrégation , que le Vénérable abbé de Lamennais y avait appelée pour la direction de l'établissement et le noviciat des Frères. Les Pères Horner, Chenay et Moyon furent ses premiers maîtres, sans oublier le P. Collin, alors supérieur de la nouvelle communauté. Après sa troisième (août 1854), il se rendit, en compagnie du Père Barillec, à N.D. du Gard (Amiens), où il fit sa rhétorique. L'année suivante, il alla faire sa philosophie à Gourin, sous la direction du P. Dullmann, dont il devait être plus tard le collaborateur à la Martinique. A la fin de l'année 1856, il entrait au scolasticat de théologie, alors établi àl'impasse des Vignes, à Paris ; et deux ans plus tard, il commençait son noviciat à Monsivry. Profès et prêtre en 1859, il fut affecte à la Martinique.

Bien qu'il eut aimé vivre et travailler dans la brousse africaine de l'époque, c'est au professorat que sa vie fut consacrée. Prêt à tout, il l'accepta comme sa voie providentielle, où il trouverait son bonheur et son efficacité. Il sut conserver son moral dans toutes les difficultés.

A son arrivée à la Martinique, il fut successivement chargé de la classe de sixième et d'un cours de mathématiques ; mais bientôt la chaire de seconde étant devenue vacante, il se trouva naturellement désigné pour l'occuper, en raison de ses talents, de son instruction solide et de ses brillantes qualités. Enfin, on lui confia, quelques années après, la classe de rhétorique et la préparation au baccalauréat. Durant les 20 années qu'il passa dans cette colonie, comme plus tard dans les diverses communautés de France où il fut employé, le P. Renaud sut allier le parfait accomplissement de la règle et l'exactitude aux exercices religieux, avec les multiples exigences de sa charge. Debout à quatre heures, il était avant tout un homme de travail et de dévouement.

"J'ai le dos robuste, disait-il quelquefois, en riant ; le bon Dieu m'a donné des pieds agiles, des muscles solides, une santé florissante, c'est bien le moins que j’use tout cela à son service."

Cependant, vers la fin de l'année 1874, il se trouva tellement fatigué que ses supérieurs jugèrent qu'un séjour de quelques mois en France était nécessaires pour son rétablissement. Malheureusement ses imprudences en hiver provoquèrent un rhumatisme aigu qu'il devait porter jusqu'à la fin, comme la grande croix de sa vie. Il revint cependant à la Martinique en 1875 et reprit ses activités durant sept années encore.

A la fin de 1881, les médecins lui ordonnèrent de rentrer en France. En repos à Chevilly, il fit un faux pas dans l'escalier, et la cuisse fut fracturée dans la chute. Il reprit ses fonctions en octobre 1882, aux collèges de Mesnières (Seine Maritime), de Merville dans le Nord, de Rambervillers dans les Vosges, pour y professer avec succès la philosophie. Mais son oeuvre de prédilection, celle où il avait mis tout son coeur, ce qu'il ambitionnait avec une sorte de convoitise jalouse, c'était la préparation des enfants à la première Communion.

Aux vacances de 1888, le collège de Rambervillers fut transféré à Épinal. U P. Renaud, pour la dernière année, enseigna la philosophie et prépara les enfants à la première communion, le jeudi 20 juin 1888. Ce fut son chant du cygne. Après une longue et douloureuse agonie, il remit sa belle âme à Dieu, le 19 juillet 1889, à Épinal. Il avait 52 ans !

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