Le Frère Irénée REY
décédé à Chevilly le ler février 2001, âgé de 87 ans
Né :26.07.13, à Bettlach (68). Profès :26.09.32, à Neufgrange
AFFECTATIONS Neufgrange (29-39) ; Piré (39-55) ; Chevilly (55-01).


Irénée entendit l’appel du Seigneur très tôt et entra à Neufgrange en 1929, il avait seize ans : il veut devenir frère dans la congrégation du Saint-Esprit. Il passera toute sa vie la ferme. Qui ne se rappelle avoir vu il y a quarante ans notre frère à bicyclette, se laissant conduire par Ramsès, ce superbe taureau qui n'obéissait qu'à lui !

Irénée a mené la vie toute simple d'un homme qui ne s'embarrasse pas de questions ou de paroles inutiles. Consciencieux dans son travail, il sait que rien n’est insignifiant aux yeux de Dieu. Il n’ira jamais en Afrique, mais il vit son engagement dans la pleine communion à ceux qu’il a connus et nourris et qui sont partis au loin. Leur peine est aussi la sienne. C’est grâce au pain quotidien, au lait et à la viande qu'il fournit par son travail que la relève peut se préparer dans de bonnes conditions pour le renfort tant attendu par ceux qui sont déjà sur le terrain de la Mission. Irénée fut le serviteur de ses frères spiritains en formation. C’est bien pour eux qu'il a travaillé et donné sa vie. Nous lui en devons reconnaissance.

Irénée savait en entrant dans la congrégation que sa vie serait jalonnée de renoncements et de privations. Il les a vécus au jour le jour, dans la paix et dans la confiance, trouvant sa force dans l’amitié, le respect et l’aide mutuelle de ses compagnons de route, comme dans la fidélité peu spectaculaire des confrères avec qui il partageait le quotidien. Jusqu'à la fin. il a su garder son humour et son sourire moqueur. Si parfois il fut de mauvaise humeur (qui ne le serait pas ?), il a apporté à tous un témoignage de fidélité et de régularité.

Vint l’heure de la vieillesse : Irénée s'est vu reprendre tout ce que Dieu lui avait donné, tout ce qui lui avait permis de travailler, de vivre, en un mot tout ce qui l’avait rendu heureux parce qu’utile aux autres. Dessaisi de tout ce qui sur terre donne du goût à la vie, il a marché sur ce passage obligé des pauvres et des petits pour entrer dans le Royaume ! La longue épreuve de la perte progressive de la vue l’a beaucoup fait souffrir Depuis trois ans il vivait dans l’obscurité totale, ses yeux l’avaient trahi, il ne voyait plus que par les yeux des autres. Cela ne l'a jamais empêché de participer à tous les offices et aux eucharisties de la Communauté. Et c'est au moment où il s’apprêtait à descendre à 1a chapelle que le Seigneur est venu le chercher...

Si un jour la lumière a définitivement refusé de briller au fond de ses yeux. il savait qu'une autre lumière brillait secrètement au fond de son coeur, illuminait sa vie et lui donnait du sens. Elle faisait sa joie et lui permettait de vivre avec humour toutes les déconvenues auxquelles doivent faire face tous les malvoyants. Cette lumière qui brillait au fond de son coeur nous donne l'assurance qu'aujourd'hui notre frère Irénée est bien arrivé au terme de la route.
Gabriel Myotte Duquet