Le Père Joseph RIEHL, 1908-1962
Missionnaire en Guadeloupe


LE diocèse de la Guadeloupe (Antilles françaises), si pauvre en prêtres une centaine seulement pour 280 000 âmes a subi de lourdes pertes en 1962. Il s'est vu arracher par la mort cinq prêtres dont trois n'avaient qu'un peu plus de cinquante ans. Ici il est question du R. Père Joseph Riel, belle figure de prêtre et d'apôtre, qui ne sera pas oublié de si tôt.

Le P. Joseph Riehl est né en 1908, à Kindwiller (Bas-Rhin), dans une famille de paysans très chrétienne. De bonne heure, il se sentit appelé à devenir prêtre et missionnaire. C'est à Saverne, à l'École des Missions St-Florent, qu'il fit ses études secondaires. Il fut ordonné prêtre en 1935, et l'année suivante, envoyé en Guadeloupe (Antilles). Son rêve d'adolescent était donc devenu réalité.

En Guadeloupe, après avoir été un vicaire-zéle, dévoué et docile, il fut nommé curé de GOSIER, paroisse de plus de 7 000 âmes, et, en 1948, promu au rang de curé doyen du Lamentin. Partout il f u t très apprécié et très aimé de ses paroissiens. Il était la bonté même, le dévouement incarné. C'est surtout au LAMENTIN où il passa quatorze années, qu'il a donné toute sa mesure. Paroisse de 7 000 âmes, le LAMENTIN est t r es étendu et se compose d'au moins une dizaine d'agglomérations ou villages. Pour faciliter à ses ouailles la pratique de leurs devoirs chrétiens, aux enfants la fréquentation des classes de catéchisme, il fit, au cours des années, construire deux chapelles dans des localités éloignées du centre, l'une consacrée à Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse, l'autre à St. Joseph Ouvrier. Cela devait augmenter son travail considérablement. Il lui fallait alors faire le catéchisme tous les jours, matin et soir, tantôt dans le centre de la paroisse, tantôt dans les deux dessertes. De plus il avait à s'occuper d'un groupe d'enfants de M a r i e , d'un autre de Jeunesse Chrétienne, et de deux praesidia de la Légion de Marie auxquels il consacrait tous ses soins et qu'il animait d'un vif esprit d'apostolat. Le dimanche il avait cinq messes avec prédication à assurer.

Heureusement le Bon Dieu lui avait donné une robuste santé. Mais se sentant solide, le bon Père se croyait facilement indestructible et ne connaissait guère de limites à son activité. Sa devise semblait être : " Amplius, toujours davantage. Deux fois par an il organisait une grande journée de pèlerinage à la plus ancienne de ses chapelles, en l'honneur de Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse. On y venait en foule de presque toute la Guadeloupe. A l'église paroissiale même, il avait introduit la Neuvaine perpétuelle de la Médaille Miraculeuse, et le deuxième jeudi de chaque mois, les pèlerins venaient très nombreux des autres paroisses, le soir à six heures. On comptait parfois jusqu'à dix cars et plus. Alors il rayonnait de joie, accueillait tout le monde avec cordialité et haranguait ses chers pèlerins avec une éloquence enthousiaste. Le P. Riehl était doué d'un don et il a fait fructifier ce talent par de généreux efforts. Toujours il mettait ses heureuses qualités au service de son travail surnaturel. A la disposition de tous en tout temps, il était toujours prêt à accueillir n'importe qui. Très gai et jovial de nature, il était en compagnie d'une verve intarissable et savait charmer ses hôtes et ses invités.

Ce fut une douloureuse surprise lorsqu'on apprit qu'il venait d'être foudroyé par une très grave maladie, en octobre 1962. Lui-même ne se croyait pas si gravement atteint et était difficile à retenir àla clinique où il avait été hospitalisé. Après une rechute, on le fit partir en France, où tout fut fait pour le rétablir. Il gardait toujours bon courage, et le plus léger mieux lui rendait aussitôt l'espoir de pouvoir bientôt revoir sa chère Guadeloupe. Mais les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres. L'heure de la récompense avait sonné pour le fidèle serviteur. C'est le 27 décembre, en la fête de St. Jean l'Apôtre, que la mort l'enleva rapidement à l'affection de tous ceux qui l'avaient connu. Il était âgé seulement de 54 ans.

Les regrets qu'il laisse sont unanimes, et la nouvelle de sa mort, au moment où tous espéraient le revoir bientôt, produisit une vraie consternation. Le 31 décembre,. jour même de son enterrement à Kindwiller, un service funèbre solennel réunit au Lamentin plus d'une trentaine de prêtres, et l'église était pleine de ses paroissiens qui venaient prier pour leur bon pasteur, que la mort leur avait ravi trop tôt.

Puisse la grâce de Dieu lui susciter des imitateurs et des successeurs, en faisant germer des vocations sacerdotales et missionnaires parmi les jeunes de notre chère Alsace-Lorraine. Il y a tant d'âmes qui se perdent faute de prêtres.
P. A.

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