Le Père Yves RIOU,
1859-1885


Né le 10 février 1859 à Dinéault, secteur de Châteaulin, le Père Yves Riou fut ordonné prêtre du diocèse de Quimper le 10 août 1883. Désireux de se consacrer à l'apostolat en Afrique noire, il obtint son exeat et se présenta immédiatement au noviciat, où il fit profession le 5 octobre 1884. Son obédience le destina aux missions d'Afrique orientale de Zanzibar et Bagamoyo, sous la direction de Mgr de Courmont. En mai 1885, le P. Riou était à la communauté de St-Raphaël à Kondoa. Voici le compte rendu de cette mission à ce moment:

Cette station située dans l'Oussagara avait été fondée par le Comité français de l'Association internationale africaine, comme établissement scientifique et hospitalier ; elle était gérée par le capitaine Bloyet qui se trouvait en d'excellentes relations avec nos Pères. Or, l'Oussagara étant devenu territoire allemand, le Comité décida l'abandon de cette station ; et le Président M. Ferdinand de Lesseps, offrit de la céder à la Mission.

C'est sous les auspices de la Ste Vierge, dont on célébrait le mois béni, que le Père Riou, détaché de la communauté de Maogoro, arrivait le 26 mai 1885, à cette résidence pour en prendre possession. Il y resta seul pendant plus d'un mois, non sans avoir à y souffrir de grandes privations. Au bout de ce temps, Mgr de Courrnont venait le fortifier par sa présence, et lui amener un auxiliaire, le P. Auguste Gommenginger. C'était le 10 juillet. Mais une grande épreuve ne devait pas tarder à frapper la communauté naissante. Elle est ainsi racontée par le Père Gommen-ginger lui-même :

Revenant un jour de faire une petite excursion, le Père Riou se plaint de la fièvre et se met au lit. Le quatrième jour, une angine se déclare ; et bientôt notre cher confrère se voit à peu près hors d'état de prendre aucune nourriture. Les dispositions du pieux malade furent admirables de résignation à la volonté de Dieu ! Le sacrifice des années de sa jeunesse fut fait par lui avec une générosité d'autant plus édifiante qu'il devait lui coûter davantage.

Il lui restait cependant un désir dont il souhaitait ardemment la réalisation. Trois jours seulement nous séparaient de la fête du Saint Cœur de Marie. Et quelle heureuse fortune pour un membre de la congrégation de mourir ce jour-là ! Le cher Père se mit donc en devoir de demander cette grâce à Celle qu'il aimait à nommer sa bonne mère du Ciel; et cette prière, Marie daigna l'exaucer. Dans la matinée de ce beau jour, il perdit connaissance, et à 4 h du soir, il allait au Ciel terminer dans la joie une fête qu'il avait commencée dans les tristesses de l'agonie. C'était le 23 août 1885. Il avait 26 ans.

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