Le Père Jean ROLLAND,
1908-1984


Angola 1975 : plus d'une centaine de Spiritains quittent le pays. Parmi eux, Jean Rolland. Il y a travaillé 40 ans, et jamais il ne se consolera de ce départ : " J'aurais tellement préféré mourir là-bas ; Dieu ne l'a pas voulu". Il avait quitté la France à 27 ans; à 67 ans, il l'a retrouvée. Né à Lennon, le 2 décembre 1908, sa famille est solidement chrétienne. Il est le troisième de six enfants ; il entre à 11 ans à Langonnet, à 12 ans à Allex. Puis, c'est le noviciat d'Orly où il fait profession le 8 septembre 1928, et enfin Mortain et Chevilly. Ordonné prêtre le 7 octobre 1934, il part l'année suivante en Afrique.

Ses 40 années d'Angola, il les a vécues en 4 missions seulement, et surtout à Mussolo, pendant 23 ans, dans l'actuel diocèse de Malange. Il s'est peu confié sur son ministère là-bas. Un véritable apôtre pourtant, qui découvrira sur le tard, quand il ne lui sera plus possible de repartir, que la mission est aussi en France. Cinq jours après son retour, il demande qu'on lui trouve quelque service auprès des immigrés portugais.

Sa fermeté de caractère lui permet de concilier, à un degré assez original, l'obéissance religieuse et sa volonté propre. On lui demande d'aller garder la maison de Maulévrier... il y va, mais s'occupe aussitôt des Portugais. Une aumônerie chez les Spiritaines de Nogent... il l'assurera, mais trouvera très vite les heures nécessaires pour catéchiser une cinquantaine d'enfants d'immigrés et assurer en banlieue une messe dominicale en portugais ; non sans quelque tension avec les équipes diocésaines au service des migrants. Et pour cause, l'idée qu'il s'était forgée de la mission en 40 ans, il la vivra jusqu'à sa mort.

Des amis ? il s'en est fait des dizaines de mille en Angola, des milliers en France. Mais pas que des amis. Quarante années d'Angola explique beaucoup ; et d'abord sa difficulté à s'adapter aux structures de l'Eglise, ici, à son retour. Du moins, il laisse le souvenir d'un apôtre, d'un homme franc et droit: un Nathanaël qui dit ce qu'il pense. Le souvenir aussi d'un confrère avec qui il faisait bon vivre. Enfin, le souvenir d'un vrai spiritain, dont le cœur, malgré neuf ans en France, comprenons-le, est resté en Angola. 18 septembre 1984, son enterrement à Chevilly. Neuf ans plus tôt, jour pour jour, heure pour heure, le 18 septembre 1975, à 15 heures, il rentrait définitivement d'Angola à Orly ! Mystère des coïncidences de dates ou plutôt mystère de Dieu.
Jean Godard

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