Père Lucien SCHERRING
1904 - 1971


LE P. Lucien SCHERRING est né à Saverne en 1904 d'une bonne famille lorraine. Le papa était éclusier à Saverne, au Canal de la Marne au Rhin. Peu après il fut muté à Hangenbieten. C'est là que le jeune Lucien a grandi et gardé les plus profondes attaches. C'est là aussi qu'il a senti la vocation de missionnaire.

Études à Saverne 1917-1922. Élève particulièrement bien doué, joyeux compagnon. C'était surtout cela; il avait toujours une bonne blague à raconter, on ne s'ennuyait pas en sa compagnie.

Noviciat, Philosophie-Théologie 1922-1929. Il suivait la filière. Puis ordination et consécration à l'apostolat. Mais au lieu de l'Afrique ce fut une année de professorat à Saverne. Enfin, 1930 l'Afrique, ANGOLA, la colonie portugaise sur la côte de l'Atlantique.

Activités et fonctions diverses.
Depuis 1880, sous la direction de Mgr. Keiling, l'Église s'était fortement implantée dans la population bantoue des hauts plateaux. Il y avait là une pléiade de nos compatriotes: les PP. FISCHER, LANG, LAAGEL, MULLER, FELTIN, HASCHER, SUTTER etc. Dieu sait ce qu'ils ont souffert au début. En 1930, c'était la fin de l'époque héroïque. Maintenant c'était le travail obscur, exténuant, sans gloire de la moisson: catéchisme, baptêmes, confessions à longueur de journée.

Chaque année arrivaient des nouveaux: les PP. ESTERMANN, SUTTER, KRUMMENACKER, HENG, HAECKLY, SUTTER, FELTIN, MEYER, WENDLING etc. Le P. Scherring fut du nombre. Comme il avait déjà été professeur à Saverne, on l'expédia au Petit Séminaire de Ganguela. Il enseignait le latin, le français, le portugais et apprit le ganguela, la langue du pays. Ensuite ce fut la Mission de Ganda. Enfin la Procure de Benguala, procureur des missions de l'intérieur, professeur au collège, missionnaire des " contratados " , des travailleurs indigènes au service des grandes pêcheries.

Benguela marquait le sommet de la carrière d'un missionnaire " arrivé ". Des événements imprévus, trop longs à raconter –devaient changer tout cela. Du jour au lendemain le P. Scherring fut envoyé à Lucula, tout à fait au nord, à plus de 1000 kilomètres de Benguela.

Lucula est une petite mission de brousse, dans l'enclave de Cabinda, sur la rivière Lucu à qui fait frontière avec le Congo belge, aujourd'hui: Zaïre. Pays, climat, gens, langue, tout est différent du Sud. La nouvelle situation du P. Scherring l'était aussi. Il fit preuve d'un renoncement et d'une grandeur d'âme admirables. Immédiatement il se mit à l'apprentissage de la langue, le fioti; commença les tournées de ministère, et surtout, lui qui avait toujours commandé, sut rentrer dans les rangs. Il avait gardé sa bonne humeur, toujours jovial et blagueur. Sans tarder il réussit à se faire admettre et aimer, tant des bancs que des noirs. Le Père aussi se plaisait bien dans ce nouveau pays. C'était la mer des roses.

En plein remous révolutionnaire.
1960, c'est l'année de l'indépendance du Congo, Les noirs de Cabinda et du Nord de l'Angola attendent leur tour. Les mouvements de révolte contre la domination portugaise s'organisent et se développent. Jusqu'au jour de la révolte ouverte.

Le 12 avril 1961. Le P. PHILIPPI (Lembach), le supérieur de Lucula malade, est à Cabinda. A la mission il ne reste plus que le P. Scherring. Vers les dix heures du matin, un grand tumulte monte de la route qui mène du village à la mission et aux factoreries établies sur la rivière. Le maître d'école Joâo Baptista se précipite chez le Père, assis en toute paix sur la véranda, à faire une lecture et à rouler la sempiternelle cigarette. " Père, les révoltés ont attaqué le dispensaire. L'infirmier, (un noir) a été roué de coups et gît ligoté sur la route; ils sont en train de saccager l'école. Ils viennent." Déjà la bande brandissant des bâtons et des machettes, criant "à mort, arrive. " Vonda Vonda, tuez-le, criait un groupe. - Non. il est bon; il est notre ami, répliquait un autre. Allons aux factoreries, avant qu'il ne soit trop tard, opine un troisième. "Cet avis prévaut. La bande s'éloigne. En cours de route elle s'empare de Manuel, notre capita blanc. Un noir lui décharge son fusil dans le dos. Manuel tombe et la troupe passe le laissant pour mort.

A la mémoire du Père Lucien SCHERRING. C.S.Sp.

Le Père Lucien SCHERRING est né le 17 janvier 1904 à Saverne où son père était éclusier. Il grandit à Hangenbieten ou sa famille s'établit peu après sa naissance. C'est là qu'il a gardé les plus profondes attaches et qu'il a entendu l'appel à la vocation missionnaire.

Il fit ses études secondaires à Saverne, à l'école des missions, où il fut un élève très doué et un joyeux compagnon. De 1922 a 1929 il suivit la filière du noviciat, de la philosophie et de la théologie. Il fut ordonne prêtre à Chevilly le 28 octobre 1928.

Jeune prêtre, l'année suivante, il a été d'abord retenu comme professeur de la 4e à Saverne. Mais le missionnaire qu'il était ruait dans le brancard et sur ses instances repérées ses supérieurs l'envoyérent en 1930 en Angola, colonie portugaise sur la côte de l'Atlantique.

Depuis 1880, sous la direction de Mgr Keiling de Fort-Louis, l'Eglise s'y était fortement implantée dans la population des hauts plateaux Une pléiade de nos compatriotes travaillaient la : les Peres Fischer, Lang, Lagel, Muller, Feltin, Hascher, Sutter. Dieu sait ce qu'ils avaient souffert en ces débuts.

Quand le Père Scherring y arriva en 1930, c'était la fin de l'époque héroïque et le début du travail de la mission, travail obscur, extenuant et sans gloire : catéchismes, baptêmes, confessions à longueur de journée. Comme le Père avait déja été professeur à Saverne, il fut nommé directeur du petit séminaire de Galangue ou il enseigna pendant cinq ans le portugais, le français, le latin et apprit lui-même le gangela, la langue du pays.

En 1935 il devint curé de Galangue, puis de Ganda, jusqu'à son congé en France de 1939 à 1940. A son retour il a été nomme à Benguela comme procureur des missions de l'intérieur, professeur au collège et missionnaire des " contradatos " c'est à dire des travailleurs indigenes au service des grandes pêcheries. Le Père Scherring y fut un grand personnage dans la haute société de Benguela ou l'on appréciait sa culture et son esprit. Mais il fut avant tout et toujours profondement prêtre surtout pour les petites gens. Longtemps après avoir quitte Benguela, il recevait encore des témoignages touchants de gratitude de ceux qui lui gardait un souvenir fidèle.

En 1957 il a été envoyé dans une mission du nord du pays à Lucala ou il resta jusqu'en 1962. C'était la vraie mission de brousse

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