M. Gaston SEREMOU
Scolastique de la F.A.C.
Décédé à Bangui (Centrafrique) le 13 juillet 1990


Extraits de l’homélie prononcée par le Père Guy Pannier le 12 décembre 1990 lors du service religieux à sa mémoire au Grand Séminaire Emile Biayenda à Brazzaville
Chers frère prêtres Chers frères séminaristes Chers parents et amis de Gaston,
Brutalement, comme chacun, j'ai appris la mort de Gaston, de Gaston qui était parti en vacances plein de joie, malade sans doute, mais avec l'espoir que cela allait se régler la-bas, dans sa famille; le premier moment de stupeur passé, lorsque le combat entre la Foi et mes sentiments humains, ce combat qui ne-peut pas ne pas exister en tout homme, fut-îl prêtre, lorsque ce combat s'est un peu calmé en moi, j'ai recherché ce texte que je connaissais un peu, je l'ai relu et l'ai trouvé tellement la réponse à cette éternelle question de l'homme: mon Dieu, pourquoi lui et si tôt ?

Au cours d'une Eucharistie célébrée au Scolasticat en union avec Gaston, trois de ses confrères, ceux qui avaient vécu avec lui ces années de Grand Séminaire, à Bangui, au Noviciat, ici, ont témoigné de ce que il avait été pour eux; deux points principaux ont été évoqués: Gaston était un homme de prière, un homme de communauté.L'un d'eux a dit que Gaston était un passionné de Dieu et cette passion s'exprimait par un besoin de prière; ses supérieurs avaient été obligés de le retenir en l'empêchant parfois de prolonger outre-mesure ces tête à têtes avec Dieu. Pour garder ce contact avec Dieu, il aimait lire la Bible, il savait s'imposer une règle de vie exigeante pour son corps et son esprit.

Il aimait beaucoup la Vierge Marie et Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, le chapelet était toujours sous le drap, au chevet de son lit, a témoigné un de ceux qui partageait sa chambre.

Cela, c'était son domaine intérieur dont il avait grand soin, cette réponse à l'appel que le Seigneur lui avait fait très tôt dans sa vie et dont il était très conscient. N'avouait-il pas lui-même qu'il était le seul de sa promotion du petit séminaire à avoir poursuivi sa formation sacerdotale ?

Ce qui frappait aussi chez lui et que tous ont souligné, c'est la façon dont il embrassait la vie de communauté: il était très lucide sur la communauté, et la prenait telle qu'elle était Ce n'est pas parcequ'on se tape sur l'épaule qu'on est vraiment frère et que tout va bien dans la communauté, disait-il et il savait bien nous le rappeler, en réunion de communauté, dans des termes parfois véhéments, car là encore il était passionné ... il disait volontiers que à force d'avoir vécu dans les séminaires depuis son enfance, il savait de l'intérieur ce que c'est que de vivre en communauté.

Au scolasticat, il à été infirmier et chacun s'en souvient: l'un d'eux à dit: son admirable sollicitude, son don de service, il en avait; pour moi il avait été un exemple et un stimulant sur ce point; il aimait servir dans la joie et dans l'humour; dans les temps de récréation, il prenait du plaisir à faire rire, il remuait tout autour de lui pour faire éclore la joie. Il avait des facilités de contacts, ce qui lui valut le sobriquet de Gaston populaire, nous l'appelions ainsi

Un autre de ses frères a relevé son souci du travail bien fait, sa facilité pour les chants, son amour de sa propre culture, sa simplicité qui facilitait l'accueil ....

Parfois, on a le sentiment que à l'occasion de votre mort, on ne fait ressortir que vos qualités; sans doute est-ce un peu vrai; Gaston avait ses défauts et ses lacunes comme tout le monde, il en était conscient, acceptait les remarques qu'on lui faisait, et s'efforçait d'y porter remède et de demander pardon...

Mais, ce que nous pouvons retenir, je croîs, c'est surtout que Gaston se savait saisi par le Seigneur, appelé à sa suite, et que toute sa vie en était imprégnée: devenez mes disciples, prenez sur vous mon joug; Gaston vivait cette parole et il savait trouver ce repos en son Seigneur et porter le fardeau.

Chacun de nous, dans notre vie, nous rencontrons quelqu'un qui nous marque, souvent une ou deux personnes, pas plus; spécialement si c'est quelqu'un, proche de nous par l'age, la même vie, le même idéal; et s'il vient à disparaître, c'est un vide, le désarroi. Bien sûr, j'aurais pu vous dire des paroles de Foi, vous rappeler que Gaston est auprès du Seigneur, qu'il est vivant, comme notre Seigneur est vivant, que nous sommes tous en communion avec lui. C'est vrai, mais même si nous avons besoin de nous le rappeler, c'est notre Foi et nous la vivons dans cette Eucharistie qui nous rassemble.

Ce que je voudrais vous rappeler simplement, c'est que si nous savons être influencé par l'exemple de saints que nous n'avons pas connu et que l'Eglise nous montre comme exemples de notre vie chrétienne, il faut aussi garder précieusement le souvenir de ceux qui ont cheminé avec nous d'une façon très proche comme l'a pu être Gaston avec certains d'entre nous; la mort ne rompt pas ce lien et Gaston peut continuer à être celui qui influence profondément votre vie quotidienne; il est vivant, et même s'il n'est plus là, à côté, il reste le compagnon de chemin, celui qui nous a montré comment il résolvait ses problèmes d'homme grâce à son contact profond avec Jésus­ Christ. Auprès du Seigneur, il nous continue son aide.

Frères, nous avons à prier pour Gaston, car comme nous tous, il a porté son poids de péché: mais notre foi nous permets aussi de lui parler et de lui demander de prier pour nous:

Gaston, tu as cheminé avec des frères de ton âge, qui eux aussi s'éfforcent de répondre au même appel que tu avais entendu; eux aussi connaissent cette joie et les difficultés du service du Seigneur et de leurs frères. Toi tu es arrivé, le Seigneur t'a repris plus tôt, eux ils restent, ils ont encore longtemps, sans doute, à cheminer.

Sois avec eux et en eux, l'homme de prière, l'homme de franchise, celui qui ne craint pas de mettre de la rigueur dans sa vie, l'homme de joie éclatante. Oui, rappelle leur souvent que, malgrès tout, oui, le joug du Seigneur est facile à porter, son fardeau leger.
amen Grand Séminaire Emile BIAYENDA - Brazzaville Mercredi 12 Decembre 1990

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