Père Gilles SILLARD
Décédé à Chevilly Larue le 2 février 2004, à l'âge de 91 ans.


Né: 25/1/13, La Guerche. Profès: 26/11/32, Orly. Prêtre: 26/8/39, Langonnet.
AFFECTATIONS: SÉNÉGAL: Thiès (42-43). GABON: Libreville (45-47, petit séminaire ; 47-48, St Pierre) ; Mitzic (48-51) ; Ndolé (51-53) ; Libreville (53-54, Bessieux ; 54-63, St Pierre) ; Médouneu (63-77) ; Oyem (78-89) ; Libreville (89-98, St Michel). FRANCE: Chevilly (98-2004).

Gilles Sillard est une belle figure de témoin passionné de la mission.

Après 53 ans de vie au Gabon, ne pouvant plus y revenir à cause de sa santé, il écrivait: "Je suis arrivé au Gabon le 3 octobre 1945, plein d'ardeur pour vivre avec vous tous la Bonne Nouvelle de Jésus?Christ... Dieu m'a beaucoup donné pour remplir mon service auprès de vous en son nom, vous me l'avez rendu au centuple. Je vous remercie de la belle vie dont vous m'avez gratifié durant les années passées à votre service..." Voilà un message d'adieu qui dit bien les principales et profondes valeurs qui ont animé sa vie de prêtre et de missionnaire : ardeur, passion, enthousiasme, fidélité, service, prière, esprit de sacrifice, vivre avec...

Ce qui frappait : la constance dans son engagement, un dynamisme infatigable, allant toujours de l'avant, tourné vers l'avenir, particulièrement au moment de la diminution des missionnaires européens et de l'arrivée de la relève spiritaine locale. Dans la ligne de la pensée du P. Libermann, il voyait ce moment comme "un mouvement dans l'Église, dans lequel il fallait entrer de par l'animation de l'Esprit". Le P. Sillard était engagé au service du peuple gabonais, spécialement des petits et des pauvres. Les Spiritains du Gabon se rappellent la camionnette-providence de Médouneu, véritable outil de ministère et de travail, pour lutter contre le fléau du portage : descendant manioc et bananes à Libreville, remontant du ciment et des tôles pour la construction d'écoles, de chapelles, de dispensaires de brousse, transportant les malades à l'hôpital. Cette camionnette lui causa un jour un grave accident qui lui enleva, dit?il non sans humour, toute possibilité de regarder en arrière.

Vêtu de sa soutane légendaire, avec sa barbe de patriarche, il sillonnait le grand marché de Libreville poussant une brouette pour récolter quelque nourriture pour les pauvres. Gilles était connu pour ses prises de parole fortes et sans ambiguïté à l'encontre des hommes corrompus par l'argent et le pouvoir, mettant en garde quiconque oubliait sa vocation de service. "Que chacun reste soi?même, disait?il, qu'aucune personne ne dise "oui" à une autre sous la pression de la peur ou de l'argent?cadeau reçu. Ce serait renoncer à sa qualité d'homme et de chrétien pour entrer à nouveau dans l'esclavage." Beaucoup d'histoires et d'anecdotes, fort intéressantes et significatives de sa personnalité pourraient un jour entrer dans la grande mémoire spiritaine. Merci, Gilles, pour ton beau et vrai témoignage de missionnaire.
Etienne Lefèvre PM 308 juin2004

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