Le Père Joseph SPITZER
décédé le 3 octobre 1999, à Haguenau (57), âgé de 75 ans


Né : 02.02.24, Wingersheim (67). Profès -. le 08.09.46, Cellule. Prêtre : le 1er octobre 1950, Chevilly : AFFECTATIONS
GUINÉE Kankan : Dabadougou (51-56) ; Kéniéran (56-59) ; Faranah (59-61) ; Siguiri (60-64) Brouadou, procureur (64-67) FRANCE : Neufgrange, directeur du postulat des frères (67-68) Lorentzen (67), curé (69-76) ; Wilwisheim (67), curé (76-90).Wingersheim, malade : repos et retraite, dans sa famille (91-99).

JOSEPH est originaire d'un petit village à proximité de Saverne. C'est la déclaration de la guerre qui l'obligea pour la première fois à quitter son Alsace natale. Il faut fuir vers Cellule. Dès l'armistice de 1940 signé, lui et quelques-uns de ses camarades de classe regagnent l'école Saint-Florent. Deux ans plus tard, il passe son baccalauréat. Ce jeune homme calme, que tout le monde regarde comme un modèle, va faire alors la dure expérience de la guerre. Incorporé dans l'armée allemande, ce "malgré lui" est fait prisonnier sur le front du Dniepr par les Russes. Est-ce de ces dures années durant lesquelles il côtoya la mort de près, qu'il acquit comme le goût de tout ce qui a trait à la Parousie ? Nul ne le sait vraiment.

De retour en France, durant sa théologie, il avait à cœur de s'en entretenir avec ses confrères. En 1951, il reçoit sa première affectation pour la Guinée. Il travailla dans plusieurs postes de la préfecture de Kankan. Missionnaire affable et toujours souriant, il sait s'adapter aux conditions les plus dures. A Keniéran, par exemple, il sut donner dynamisme et joie au petit noyau de chrétiens dans un univers totalement islamisé. Tout en manifestant beaucoup de sérieux dans son travail, il est toujours gai, voire même blagueur, et très serviable en communauté.

En 1967, tous les missionnaires sont expulsés de Guinée. La mort dans l'âme, Joseph se retrouve en France, au postulat des Frères à Neufgrange. Il perd alors une partie de sa gaieté et de sa joie de vivre. L'enthousiasme n'est plus ce qu'il était. Aussi trouve-t-il l'atmosphère des communautés de France trop confinée. Il a beaucoup de mal à s'y adapter. L'expérience de Neufgrange ne dura qu'un an. Il demande à travailler en paroisse en Alsace pour pouvoir en toute liberté veiller sur ses parents âgés et malades. Ceux-ci une fois morts, il continuera son ministère en paroisse jusqu'à sa retraite, qu'il prendra dans sa maison natale. Il va y passer les dernières années de sa vie dans une solitude quasi monastique, s'adonnant à la prière et à la méditation, tout en recevant beaucoup de visites.

De santé fragile, - n'a-t-il pas contracté autrefois la maladie du sommeil et ne fut-il pas parasité de multiples façons ? - les alertes furent nombreuses les derniers temps. C'est à l'hôpital d'Haguenau que sa santé va le trahir. Quarante-neuf ans après son ordination, presque jour pour jour, Joseph est parti vers Celui qu'il attendait impatiemment.
Charles DISTEL

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