Le Père Charles STINTZY
décédé à Strasbourg le 19 novembre 2000, âgé de 76 ans
Né: 15 06 24, Colmar (68) - Profès: 05 10 44, Piré - Prêtre: 26 02 50, Chevilly

AFFECTATIONS -
CAMEROUN - SANGMELIMA : Bengbis (50-57); Zoétélé, directeur (57-73); Sangmélima, procure du diocèse (76-78); Zoétélé, vicaire (78-84) -
FRANCE - La Croix-Valmer, supérieur (84-90) ; Wolxheim (91-00).


Les gens t'appelaient Père Charles. Pour tes amis, tu étais Charlot. Pendant tes études de théologie à Chevilly, tu as noué de solides amitiés; n'est-ce pas là un trait constant de ton caractère : nouer des relations, rassembler des gens, les faire se rencontrer, se connaître, -et susciter des amitiés nouvelles ?

Tu fais ta première expérience passionnante de vie missionnaire dans la forêt de Bengbis. Tes marches à pied, tes tournées en brousse, et ces histoires rocambolesques, tes démêlés aussi avec ton supérieur, tu savais les raconter avec une verve inépuisable.

Puis, tu fondes la mission de Zoétélé. Ce fut l’œuvre de ta vie, ta fierté. Combien de confrères spiritains, d'amis, de commerçants n'as-tu pas mis à contribution, exploitant leurs talents d'architecte, d'ingénieur, de chef de chantier, ou simplement obtenant d'eux une participation financière pour ce qui ne pouvait pas être produit localement par une population qui te suivait comme un seul homme ! Tes ouvriers ne t'avaient-ils pas surnommé édzinibi » - (pare-chocs) ?- rien ne pouvait s'opposer à ton ardeur. Tous ensemble, vous avez su créer de la beauté Le timbre- poste à l'effigie de l'église de Zoétélé en a porté le témoignage aux quatre coins du monde.

J'ai appris ta peur lorsqu'un jour, tu as découvert posé devant ta porte, un petit cercueil avec ces mots : On viendra ce soir ! Les maquisards communistes de l'Union Populaire Camerounaise voulaient ta peau. Peur et solitude, car tous les chrétiens avaient fui. Il te restait une hache et ton chien. J'ai appris ton courage pendant les émeutes raciales à Sangmélima : comment tu t'es interposé, comment tu as soigné, comment tu as défendu les gens sans défense. J'ai appris ta douleur, la croix qui a marqué ta vie : la petite Marguerite, morte en tombant de la benne du camion que tu conduisais.

J'ai participé à tes joies quand tu rassemblais une foule de convives pour un de tes fameux banquets : occasion unique pour tisser des liens entre les gens et créer ce climat de joyeuse amitié qui te permettait de régler bien des problèmes par la suite.

A Sangmélima, tu t'es évertué à combler les déficits, renflouer la caisse et freiner des projets pas toujours bien raisonnables à tes yeux. Puis, tu es revenu à Zoétélé comme vicaire de celui que tu avais accueilli à son arrivée. Toi le Fondateur, ce n'était pas toujours facile de t'effacer devant le petit jeune à qui tu avais cédé la place quelques années plus tôt.

En 1984, ce fut le retour en France, à La Croix Valmer, puis à Wolxheim. Lorsque je te rencontrais, il n'y avait pas toujours du soleil dans tes yeux, ni dans ton coeur. Alors tu m'as appris le poids de la maladie, le poids de ce corps affaibli, qui sait proche le moment de quitter ce monde.

Charlot, toi qui as organisé tant de célébrations et de rencontres fraternelles, je suis sûr que déjà le Christ Jésus t'a embauché pour nous préparer la table au banquet de son Royaume.
Albert GULLY