Père Georges STREICHER
Annales du Diocèse de Port Louis 1916-1926 p. 198


De nouveau le diocèse se trouve réduit à 22 prêtres de la Congrégation du St-Esprit : le R.P. Georges Streicher est mort aujourd’hui (08/02/1926) .

Avant hier, samedi, il demanda du secours à son supérieur pour la besogne du lendemain : il se sentait fatigué . Aussitôt le P. Kauffman fut dépêché auprès de lui et l’aida dans le travail dominical : confessions, Messes à Pamplemousses et Montagne-Longue, baptême etc. ; il le quitta le soir apparemment en meilleur état . Mais l’accès de malaria pernicieuse qui couvrait, éclata avec virulence dans la nuit . Ce matin on transporta le Père à Quatre-Bornes, au presbytère de N.D. du Rosaire[49] . Malgré les soins les plus énergiques des meilleurs médecins de l’île, on ne put le sauver, il expira presque subitement vers 1 heure après-midi .

né à Gundolsheim, (Haut-Rhin), diocèse de Strasbourg (68), le 11/10/1870 ; premiers vœux à Grignon, le 15/08/1897 ; vœux perpétuels à St Jean (Maurice), le 20/08/1909 ; diacre à Chevilly, le 05/07/1896 ; prêtre à Grignon, le 19/09/1896 ; décédé à N.D. du Rosaire (Quatre-Bornes), le 08/02/1926, à l’âge de 55 ans, après 28 ans de profession . Il a travaillé à Maurice du 11/09/1908 jusqu’à son décès ; il est enterré à Ste Croix .

Originaire de Gundolsheim, au diocèse de Strasbourg, il y était venu au monde le 11 octobre 1870, d’une famille de riches cultivateurs . Après de bonnes études au collège de Zillisheim et à N.D. des Ermites, en Suisse, il entra, le 5 octobre 1892, dans la Congrégation du Saint-Esprit si populaire en Alsace qu’elle y recrute grand nombre de ses sujets . Pendant les onze années qui suivirent son ordination, reçue à Grignon le 19 septembre 1896, il collabora à la formation des jeunes confrères à Knechsteden (1897-1903), puis à Saverne (1903-1908) .

Il vint chez nous le 11 septembre 1908 . Vicaire à Mahébourg d’octobre 1908 à novembre 1909, puis à Rodrigues pendant une courte période il obtint la cure de Pamplemousses en mai 1911 – dès lors, il y demeura exclusivement, à l’exception d’une absence de 26 mois – 27 octobre 1922 à 9 janvier 1925 – pour un congé en Europe .

Ces deux années au pays natal paraissaient avoir complètement éliminé les effets d’un séjour ininterrompu de quatorze ans dans un « quartier » pourri de paludisme . Il n’en est rien . Sous l’apparence d’une vigueur rénovée se dissimulait une usure irréparable . Le Père ne trouva pas la force de résister à une attaque massive de fièvre maligne . Et l’on ajouter qu’il succomba, pour ainsi dire, à un trop grand zèle ; non seulement il desservait seul la vaste et populeuse paroisse de Pamplemousses, mais il y avait annexé celle de Montagne-Longue, délaissée par le clergé séculier depuis mai 1923, en raison de la pénurie de personnel .

Le père Georges, comme on l’appelait, ne fit rien de spectaculaire au cour de ses dix-huit ans de ministère chez nous : il fit mieux : jour après jour, sous l’influence plus ou moins sentie mais constante de la malaria, il accomplit une besogne apostolique sans défaillance, mettant le bien de ses ouailles au-dessus de ses fatigues, au-dessus d’un état de malaise quasiment continuel . Aussi, ses fidèles, conscients de son oubli de soi, lui passaient-ils les brusqueries d’un naturel assez bourru et quelque peu difficile : il était universellement estimé et respecté .

Son frère et filleul, le P. Charles – de caractère diamétralement opposé – arriva trop tard pour le trouver vivant .

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