Le Père Jacques TABOURIN,
décédé à Bertoua (Cameroun) le 13 septembre 1982.

Ayant vécu avec Jacques Tabourin à Sangmélima, un confrère m'a demandé de parler de lui. Je ne me suis pas fait prier, car écrire ce témoignage me permet de revivre ces années qui m'ont beaucoup marqué. Je me contenterai de quelques réflexions à bâtons rompus, qui éclaireront certains traits de son visage.

Jacques est né à Laval, le 2 septembre 1928. Il fit profession à Cellule le 8 septembre 1948, et fut ordonné prêtre à Paris le 19 décembre 1953.

Pour qui le connaissait peu, le masque était trompeur. Le gros dur, parlant fort et aux allures distantes, cachait le frère attentif, délicat, très sensible. C'était sa manière inconsciente de protéger sa vulnérabilité. Les élèves l'avaient vite découvert. Il était pour eux d'un accueil et d'une patience àtoute épreuve, capable d'écouter pendant des heures. Ils savaient qu'ils trouveraient en lui un ami, à qui on peut tout dire. Mais un ami exigeant, qui voulait éduquer virilement, non pas des hommes soumis à des conventions et à des lois, mais des hommes libres et conscients qui savent s'engager. On aimait participer àses eucharisties pour les collégiens de Sangmélima. Il y livrait son message sans se lasser, invitant à aller toujours de l'avant, en chrétiens de plein vent et de pleine vie, et non pas en simples observateurs de la loi. Son amitié était fidèle. Son intérêt allait à tous les problèmes des autres, et son aide ne faisait jamais défaut.

Avec tous ces dons d'éducateur, pourquoi a-t-il fallu qu'il se laisse embarquer dans l'administration et la gestion, comme procureur et secrétaire à l'éducation ? Évidemment parce qu'on avait fait appel à ses services et qu'il ne savait rien refuser. Et puis, il savait qu'à ce niveau il multipliait ses possibilités d'être au service des autres.

Grâce à Dieu, ce travail d'administration et de gestion ne l'a pas desséché spirituellement. La preuve m'en a été apportée par ceux qui ont participé à son eucharistie à la Casba de Yaoundé, les trois jours qui ont précédé sa mort. C'était à nouveau la surprise et l'étonnement, on ne l'imaginait pas comme cela ! Il apparaissait tout petit et tout pauvre devant la Parole de Dieu. On le sentait atteint en profondeur par cette Parole.

Le Maître est venu brusquement le chercher à 54 ans, et l'a trouvé dans la fidélité à son service et au service des autres. En attendant de le retrouver, que le Seigneur nous garde nousmêmes, àson exemple, dans la fidélité et le service.
P. Jacques Michel.

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