Le Frère Gilbert Toto a fait son noviciat spiritain à Antalaha, petite ville de la Côte Est de Madagascar et capitale mondiale de la vanille. Dans les années 1950, le Père Jean Besnard avait fondé à Madagascar un noviciat pour des Frères Spiritains. Une formation spirituelle sérieuse était donnée à ses futurs Frères, ainsi qu’un apprentissage à divers métiers: imprimerie, menuiserie, maçonnerie, horticulture et élevage. Mais on manquait de personnel qualifié pour animer cette maison de formation et on comprit vite que l’œuvre des Frères Spiritains malgaches n’était pas viable parce qu’il n’y avait pas de prêtres Spiritains malgaches.
Le Père Oury qui remplaça le Père Besnard en 1957, malgré toute sa bonne volonté, n’était pas en état de poursuivre cette œuvre dans de bonnes conditions et d’abord pour la raison qu’il fût mis là, de but en blanc, sans avoir fait le moindre ministère à Madagascar et sans parler la langue. Après quelques années, la Congrégation arrêta la formation de nouveaux Frères, les profès ayant le choix de rester spiritains ou de continuer avec le Père Dantin et ses « Frères Auxiliaires du Clergé». Trois d’entre eux avaient opté de rester chez les spiritains… parmi eux le Frère Gilbert Toto.
Dans les années 1980, au moment de la naissance de la F.O.I. (Fondation de l’Océan Indien), Gilbert aurait pu rejoindre ce groupe spiritain qui naissait à Madagascar et qui est devenu aujourd’hui la Province de Madagascar. Gilbert a préféré rester membre de la Province de France et a choisi de rejoindre une maison de retraite pour les Aînés en 2009, date à laquelle il est arrivé à Langonnet pour vivre les dernières années de sa vie dans la prière, soutenant ainsi la vie missionnaire de ses frères cadets, membres de la Province de Madagascar aujourd’hui.
Enseignant au petit séminaire de Mahajanga, à l’école des catéchistes d’Amborovy et à Antalaha, Gilbert a vécu ses 15 dernières années au service du Foyer Laval de Tananarive. Accueil dans la maison, courses journalières, Gilbert ne ménageait pas sa peine pour rendre les mille services à la marche de la maison de formation des futurs Spiritains.
Au moment de l’anniversaire de ses 10 années de présence au Foyer Laval en 2004, voilà comment Gilbert relisait cette longue tranche de sa vie :
« Dix ans au service du Foyer Laval, la valse des Supérieurs mais une humble continuité dans le travail du Frère Spiritain au service d’une maison de formation de la F.O.I. Pourquoi est-ce à moi qu’on a demandé ce service de la continuité dans une maison qui a connu tant de Supérieurs ? C’est Dieu qui connaît la réponse mais, tous les jours, je lui demande de me garder fidèle, à l’exemple de saint Joseph qui a vécu sa mission dans le silence et l’humilité. Mais cela, ce sera le travail de l’Esprit en moi comme en nous tous. »
Jean-Claude JACQUARD