Le Père Ange TRISTANT,
décédé à Groix le 10 juin 1902,
à lâge de 35 ans.


Né à l’île de Groix, diocèse de Vannes, le 1er septembre 1866, Ange Tristant avait fait toutes ses études, y compris la philosophie, au petit séminaire de Sainte-Anne, lorsqu’il entra, le 11 décembre 1888, au grand scolasticat de Chevilly Quatre ans après, sa théologie et son noviciat achevés, il était ordonné prêtre à Orly, le 17 juillet 1892 et faisait profession le 15 août suivant.

Destiné à la mission du Gabon (septembre 1892), le P. Tristant reçut, l’année suivante, son obédience pour la station de Saint-Pierre Claver, fondée dix ans auparavant à Lastoursville.

Mgr Le Roy, alors vicaire apostolique du Gabon, qui l’avait spécialement choisi pour ce poste avancé, rendait de lui ce témoignage aussi expressif que laconique. « Le P. Tristant a montré dans le ministère un dévouement, un zèle et un savoir-faire remarquables. Promet d’être un excellent missionnaire. Bon confrère, par ailleurs, et bon religieux. Caractère énergique, intelligence droite, cœur vaillant » (7 novembre 1804).

En 1897, on décida la fondation d’une nouvelle station, sous les auspices du Sacré-Cœur, à cent kilomètres plus avant, à Franceville, au confluent de l’Ogôoué et de la Passa. Le P. Tristant en fut nommé supérieur et s’y rendit le 15 avril 1898.

Cependant la situation à Lastoursville devint bientôt des plus critiques. La tribu turbulente et pillarde des Adoumas empêchait absolument toute communication avec le Gabon ; et les missionnaires se trouvaient aux prises avec les plus vives difficultés. On prit alors la résolution de supprimer cette station et d’en transférer le personnel à Franceville, où la population, douce et paisible, se montrait beaucoup mieux disposée. Ce dernier établissement était en même temps détaché du vicariat du Gabon et rattaché à celui de l’Oubangui, les communications avec le Gabon se trouvant interceptées.

Le P. Tristant reçut à bras ouverts ses confrères de Lastoursville et les aida de son mieux dans le déménagement de leur station. Mais, déjà fatigué par l’installation première de Franceville, il se trouva bientôt à bout de forces. Mgr Augouard, dans la visite qu’il fit quelque temps après en cette station, décida donc son retour en France. C’était pour le père, dans son état de santé, un bien pénible voyage ; il avait à faire à pied cent quatre-vingt kilomètres, pour aller à Lékéti, sur l’Alima, prendre le bateau de la mission, et descendre ensuite le Congo. Il put cependant l’accomplir sans trop de difficultés. Parti de Franceville au mois de septembre 1900, il arriva à Bordeaux le 23 novembre.

On espérait encore qu’il pourrait peu à peu se remettre ; après quelque temps de repos à Saint-Ilan, il avait demandé à aller dans sa famille, comptant, pour renouveler ses forces, sur le bon air du pays natal. Mais, hélas ! le médecin constata une affection de la moelle épinière ; il n’y avait donc plus d’espoir de guérison. Malgré tous les soins affectueux et dévoués qui lui étaient prodigués, le cher Père allait s’affaiblissant de plus en plus ; et bientôt il se trouva cloué sur son lit, sans pouvoir faire presque aucun mouvement. Au milieu de ses longues et cruelles souffrances, il demeurait plein de calme, de paix et de patience, tout abandonné au bon plaisir de Dieu.

Le P. Prono, supérieur de Notre-Dame de Langonnet, alla plusieurs fois le visiter de la part du T. R. Père. À l’une de ces visites, le 6 juin 1902, le cher malade émit avec bonheur entre ses mains les vœux perpétuels, auxquels il avait été admis dès son retour en France ; et quelques jours après, le 10 juin, il rendait paisiblement le dernier soupir. -
BG, t. 21, p. 640.

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