Michel VACHERAND est arrivé au Paraguay le 17 avril 1976. " Je suis arrivé au Paraguay le Samedi Saint après un long voyage de trois semaines, en bateau. Quelle joie! ".
Il y a travaillé pendant 26 ans. À Lima et à Choré d'abord; les dernières années, au postulat spiritain, tout près de la capitale. Sa vie a été un excellent témoignage missionnaire auprès des plus démunis, des persécutés de la dictature, des gens sans terre. Michel est tombé amoureux de ce peuple qu'il a épousé de tout son cœur. Après quelques années de présence il a acquis la nationalité paraguayenne et il se considérait à juste titre citoyen du Paraguay.
En 2003, pour célébrer les 300 ans de la Congrégation il a écrit un livre, " Les Missionnaires Spiritains au Paraguay ". Plus qu'un livre d'histoire, c'est plutôt un livre des histoires de vies. Les rencontres, les voyages, les luttes pour la justice, le travail difficile des missionnaires dans un contexte de dictature, tout y est présent.
Son retour définitif en France a été pour lui, une lourde épreuve. D'abord parce qu'il ne l'a pas demandé, et ensuite, parce qu'il ne voulait pas rester en France. À tous ceux qui avaient la responsabilité dans la Province ou dans le Groupe, il suppliait de revenir au Paraguay. Peut-être n'avait-il pas conscience de son réel état de santé. La dernière lettre qu'il a écrite au supérieur du Groupe il y a quelques mois, peut-être la dernière lettre de sa vie, était émouvante : Je veux mourir au Paraguay.
Le supérieur, avec beaucoup de peine, lui a répondu:
Cher Michel,
Tout d'abord je dois te remercier pour tout ce que tu as fait pour l'Église de ce beau pays et pour le Groupe du Paraguay. Nous te devons beaucoup et le livre que tu as écrit est encore une référence pour les nouveaux arrivés qui veulent découvrir l'histoire des spiritains au Paraguay. Merci au nom du Groupe ...
Je crois que tu as déjà apporté ton petit grain à cette Église et à son peuple. Les années que tu as vécues parmi nous ont laissé des traces que les plus jeunes doivent poursuivre. Maintenant par la prière et la peine tu pourras continuer la mission et nous avons besoin de gens qui prient pour nous et nous accompagnent par l'amitié.
Je te souhaite un bon séjour chez ta sœur et que tu portes dans ta prière, notre groupe que tu aimes tant.
Nous avons reçu beaucoup de preuves d'affection des gens qui l'ont connu. Je me permets de vous transcrire une seule. Celle d'un confrère spiritain paraguayen mission en Tanzanie.
"Les référents vivants de ma vocation spiritaine peu à peu me laissent orphelin. J'ai ressenti une énorme et sincère douleur, au plus profond de mon cœur, en recevant cette nouvelle... Je me souviens, comme si c'était hier, de ma première confession, avant ma première communion, à la chapelle Saint Michel, à Loma-Clavel, avec le Père Michel. Sa vie missionnaire sera pour toujours une LUMIÈRE dans ma vie. Père Michel, que Dieu t'accorde une place bien méritée auprès de Lui. À bientôt, cher confrère, depuis le lieu de mission où j'ai bu de ta source ".
Aujourd'hui devant ton cercueil je te redis la dernière phrase de la lettre que, peut-être, tu n'as pas lue : Je te souhaite un bon séjour chez ta sœur et que tu portes dans ta prière notre groupe que tu aimes tant.

P. JOSÉ COSTA