Monseigneur Emile VERHILLE,
décédé à Chevilly, le 2 décembre 1977,
à l’âge de 74 ans.


Emile Verhille naquit le 23 janvier 1903 à Orchies (Nord), diocèse de Lille. Il fit ses études secondaires au collège du Sacré-Cœur de Tourcoing et, en 1921, il entra au noviciat de Neufgrange. Après sa profession, le 3 octobre 1922, il fit ses études philosophiques à Mortain, puis son service militaire à Sedan. Ses années de théologie à Chevilly furent interrompues par un séjour à Allex en qualité de professeur-surveillant. Prêtre le 31 mars 1929, il reçut, en juillet de la même année, son obédience pour le Congo.

Son premier poste fut Makoua, situé sous l’Équateur, fondé tout récemment par le P. Fourmont. Vite il se familiarise avec les dialectes locaux les plus divers avant que le lingala soit érigé en langue officielle. Très tôt, par longues étapes, il explore le pays makoua, puis les mbétis et bakotas voisins du Gabon, installant dans les villages les plus importants un catéchiste. Plus spectaculaires sont les tournées que relate le journal de communauté : le P. Verhille part ce jour pour Ouesso et, deux ou trois mois après : le père revient de Mékambo. Le souci de prendre connaissance avec les chefs et la population lui font prendre des pistes impossibles : descendant la Likouala, traversant la langue de terre du “Styx”, il remonte la Sangha en pirogue jusqu’à Ouesso, centre administratif et commercial. Aucun chrétien sur place, sinon l’un ou l’autre fonctionnaire lari ou willi. Puis, longeant le Cameroun sur la Ngoko, après un crochet touristique par les chutes Chollet, il traverse le pays pygmée jusqu’à Souanké, à trois cent cinquante kilomètres à l’ouest de Ouesso, pour regagner Makoua par Kemboma et Mékambo (Gabon). Les postes de catéchistes se sont multipliés et continueront à faire l’objet de ses visites. À Ouesso, grâce à l’enthousiasme des gens, grâce au zèle des premiers néophytes, grâce aussi à l’aide soutenue apportée par les nombreux européens, la première communauté chrétienne prend corps et se développe pour devenir une station dédiée à saint Pierre Claver en 1939.

Cette même année trouvera le P. Verhille sur le chemin du retour pour le premier congé : il est atteint par la mobilisation à Dakar. Il réussira à aller jusqu’à Paris, mais devra rejoindre, sans revoir les siens dans le Nord, le Congo, en convoi militaire. En 1945, il est le premier à rentrer en France, dès le mois de juin. Son congé s’écoule en voyages-conférences pour recueillir les fonds nécessaires à développer Ouesso. Déjà les Franciscaines Missionnaires de Marie lui promettent du personnel en vue d’œuvres pour femmes et une école de filles.

En janvier 1951, Rome érige le vicariat apostolique de Fort-Rousset (aujourd’hui Owando) et, en juin de la même année, le P. Verhille est nommé évêque titulaire de Cernizza et premier vicaire apostolique de Fort-Rousset. C’est le cardinal Liénart qui lui confèrera l’ordination épiscopale, le 21 décembre 1951, en l’église de Saint Jean-Baptiste de Tourcoing. La devise épiscopale : Evangelizare pauperibus le mettra davantage encore au service des plus pauvres vers lesquels son ardeur apostolique s’est portée jusqu’à présent.

Fort-Rousset encore en fondation ne peut recevoir le nouvel évêque : depuis Ouesso, il visitera régulièrement ses missionnaires. Un apport en personnel permettra l’ouverture de nouvelles stations (ou la réouverture de certaines anciennes) : Kellé, Ewo, Djambala, Gamboma, Sainte-Radegonde, Lékéti et, sur le fleuve : Mossaka, Loukoléla, Dongou, Impfondo.

De nouvelles congrégations religieuses viendront donner leur concours au développement des écoles primaires et techniques : Sœurs de l’Enfant Jésus, de Lille, en 1951, à Fort-Rousset et Mossaka ; Sœurs de la Croix, de Chavanod (diocèse d’Annecy) en 1958 à Makoua et Kellé ; la même année, Sœurs de la Sainte-Famille, d’Amiens, à Lékana et Gamboma. Les Frères Maristes canadiens créeront le collège Champagnat à Makoua et donneront des cours au petit séminaire Saint-Pie X de Makoua ouvert en 1963. Les épreuves n’ont pas manqué : deuils aux rangs des missionnaires emportés très tôt, désastres divers, mais surtout difficultés financières sans cesse croissantes. L’évêque reste infatigable, secondé par son ardeur et son tempérament jovial.

En 1956, avec l’instauration de la hiérarchie, Mgr Verhille est intronisé évêque de Fort-Rousset. Il se trouve déjà titulaire de l’Étoile noire du Bénin, des Palmes académiques, il devient chevalier de la Légion d’Honneur en 1955 et officier du Mérite congolais en 1962.
En 1964, il passe le brevet de pilote d’avion de tourisme.

Mgr Verhille prendra part aux quatre sessions du Concile et sera membre du premier synode des évêques en 1967. Les prêtres africains du diocèse seront au nombre de huit en 1967.

Une maladie le terrasse subitement en janvier 1968. Transporté d’urgence à l’hôpital Necker, il sera sauvé, mais commencera son calvaire, atteint d’une dépression nerveuse. Il aura comme compagnon d’infirmerie à Chevilly le P. Fourmont, son compagnon d’armes de Makoua. À part une courte amélioration en 1975, son état sera celui d’un homme diminué physiquement et moralement, méconnaissable pour tous ceux qui ont aimé vivre en sa compagnie. La mort le terrasse subitement le 3 décembre 1977. -
PM, n° 45.

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