Le Père Gérard VIEIRA

Né : 26/05/1927 à Mulhouse (68)
Profès : 08/09/1947 à Cellule
Prêtre: 04/10/1953 à Chevilly ;
Décès: Le 11/10/2014 à Chevilly-Larue (94)

AFFECTATIONS :
GUINEE CONACKRY:
Dixim (54-59; professeur et aumônier de lycée); (57-59; Directeur de l'enseignement libre de Guinée); (59-61; Directeur du séminaire-collège de Dixim); Conackry (61-67; Responsable du Centre Diocésain de Documentation et de Pastorale); (62-67; Vicaire Général de l'archidiocèse de Conackry); SENEGAL: Ngasobil (67-70; Supérieur du séminaire de Ngasobil); Pikine (70-82; Curé ND du Cap-Vert); Dakar (82-98; Formation permanente); (83-97; Secrétariat National de la Catéchèse); (91-97; Supérieur du District Sénégal); FRANCE: Chevilly (98-2010; Archives Générales);(2010-2014 ; Retraite).

C'est en octobre 40, que Gérard et moi nous nous sommes rencontrés pour la première fois: il avait 14 ans, j'en avais 17.
C'était le début de l'occupation allemande et nous nous trouvions tous les deux en Vendée à cause de la guerre. Lui, aux Sables d'Olonne, venant d'Alsace depuis le début de la guerre, et moi, venant du Havre, chez mes grands-parents réfugiés aussi en Vendée non loin de là, à Croix-de-Vie.
Ses parents avaient pris des postes de professeurs au petit collège qui avait été fondé par un prêtre d'une paroisse de la ville pour les jeunes réfugiés comme nous. Afin de permettre à toute la famille de vivre, ils prenaient quelques pensionnaires J'en ai profité et j'ai ainsi passé trois années dans le foyer de M. et Mme Vieira. Ce fut pour moi, une grande chance. Accueilli avec une grande affection, je partageais les soucis et les joies de ce foyer composé des parents, de la grand-mère et de quatre enfants: Manuel, Gérard, Marie-José et Monique et les deux ou trois autres pensionnaires. Tous et toutes devaient s'adapter à ces conditions de vie difficiles. La vie de famille y contribuait. Bien sûr, nous étions "résistants", allant avec des camarades coller quelques tracts sur les murs de la ville et suivant avec espoir les évènements.
Du Gérard de cette époque, je garde le souvenir d'un garçon très sérieux, très bon élève, de caractère facile. Bon chrétien et je me souviens qu'il m'a entraîné, au moins pendant le carême, à la messe du matin tous les jours. Nous revenions en vitesse pour le déjeuner et ensuite le départ au collège. Avions- nous déjà deviné la similitude de nos vocations? Peut-être…
Mme Hoffman, la grand-mère de Gérard, était la sœur d'un Spiritain qui avait été missionnaire en Angola de 1892 à 1905, le père Eugène EHRHART. Econome à la maison-mère à Paris, il collectionnait les souvenirs d'Angola et les écrivait à ses neveux. C'est ainsi que j'ai connu davantage la Congrégation du Saint Esprit et ses missions et que je me suis conforté dans une vocation qui était déjà bien implantée en moi.
Je suis entré au Noviciat en 43 et j'ai retrouvé Gérard seulement beaucoup plus tard à Chevilly. Il me semble me souvenir qu'au début de son scolasticat, Gérard avait obtenu de terminer une licence en histoire. Ensuite, chacun de nous a suivi sa route, lui en Guinée et au Sénégal et moi surtout au Congo et plus tard en France.
Les hasards d'une session de catéchèse pour l'Afrique de l'Ouest nous avaient rassemblés quinze ans plus tard, en 1966 à Ouidah au Bénin. Nous avons ensuite continué chacun notre route jusqu'à Chevilly, lui aux Archives, moi en retraite. J'ai pu profiter ainsi de son aide et de sa compétence pour réaliser des travaux d'histoire.
Autre souvenir: au cours d'un passage à Dakar pour une réunion spiritaine, je l'ai rencontré à Pikine avec des confrères de la réunion ; il nous a fait visiter avec grand plaisir les premières extensions urbaines et paroissiales de la ville jumelle de Dakar; c'est là qu'il investissait alors son capital apostolique.
Dans le cadre de sa charge aux archives générales ou bien en raison de ses engagements antérieurs, il effectua plusieurs voyages: en Guinée, en Tanzanie, en Angola, et à la béatification d'Émilie DE VILLENEUVE à Castres.
Gérard, je suis souvent allé aux archives et pendant tout le temps où tu y as été en responsabilité, je t'y ai toujours trouvé accueillant, calme, serviable. J'ai admiré ta patience et ta constance dans l'informatisation des multiples dossiers de nos archives.
Très souvent, en scrutant les papiers que tu me confiais, j'ai rencontré çà et là ta petite écriture, claire, nette, voire élégante, intervenant pour classer, ajouter, préciser.
Tu allais aux réunions d'archivistes, d'information et de formation. Tu en revenais, aussi discret que d'habitude, mais tu glissais au cours de nos rencontres tel ou tel détail visant au respect du patrimoine pour lequel tu avais reçu mission.
Ta ponctualité pour l'ouverture était aussi totale que pour la fermeture. Le temps pour toi était trop précieux pour qu'il soit gaspillé. Nous étions différents l'un de l'autre; j'admirais la ténacité que tu mettais à ton travail et ton désir de perfection.
Ton ambition dans la gestion des archives rivalisait avec celle d'exploiter utilement les richesses à ta disposition. Et c'est elle qui t'a embarqué dans la vaste entreprise d'élaborer la publication de l'immense correspondance du Père DUPARQUET. Pourquoi ce choix? Après les trois volumes sur l'histoire de l'Eglise de Guinée, on t'aurait bien vu penser à l'histoire de l'Eglise du Sénégal. Dans la revue Mémoire Spiritaine, ouverte pour le tricentenaire de la Congrégation, tu fus partie prenante bien évidemment. En novembre 2002, tu offris en 30 pages un excellent résumé des 300 ans de l'histoire spiritaine; en 2004, tu présentas 23 pages sur les rapports d'Émilie de VILLENEUVE et de François Libermann; enfin, et c'est peut-être là que germa ton projet DUPARQUET, tu acceptas de rédiger un long et instructif article sur ton grand-oncle spiritain, le Père Joseph ERHART, "comme les autres en des lieux et des temps agités"… car il milita en Angola et dans deux notes de bas de page tu parles déjà du P. DUPARQUET; signe prémonitoire, tu écris: >u'on peut comparer aux plus grands traceurs de route: il a parcouru l'Angola, l'Afrique Australe depuis le Cap jusqu'à l'Afrique de l'Est." Avant que tu n'aies achevé le parcours de sa correspondance, la maladie t'a contraint à le rencontrer plus tôt que tu l'aurais voulu. Merci, Gérard, et merci à ta famille: tu m'as initié sans le savoir et aidé, même de loin, à vivre ma vie de Spiritain.
Tu as rejoint maintenant tous r
D'après les témoignages de Guy PANNIER et René CHARRIER
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