Père Jean VILBERT
Disparu le 16 mai 2000 près du Mazet (87) à l'âge de 71 ans,
décédé officiellement le 20 décembre 2002.
Né : 22/4/29, Sérémange (57). Profès : 8/9/50, Cellule. Prêtre : 22/12/57, Chevilly.

AFFECTATIONS :
FRANCE : Allex (58-66, professeur) ; Neufgrange (66-73, directeur des élèves) ; Allex (73-79, directeur des élèves) ; Auteuil (79-95, aumônier école Ste Thérèse) ; Le Mazet (95-2000, aumônier OAA).


Sa carte de patriote résistant incarcéré en camps spéciaux du 24 janvier 1943 au 4 mai 1945 peut expliquer l’itinéraire de Jean : ‘A cette date, toute notre famille fut déportée en Allemagne parce que nous parlions français’, relate-t-il dans une lettre. La famille y a souffert des privations. La santé déficiente de Jean date-t-elle de cette période douloureuse de sa vie ? Cette épreuve fut certainement la cause de l’arrêt de ses études de théologie qu’il fera en partie à Saverne et en partie à Chevilly.

Jean n’est jamais parti en Mission « ad extra », vers les terres lointaines. Son apostolat s’est exercé auprès des jeunes dans les écoles apostoliques et dans les maisons de l’œuvre d’Auteuil : ‘ça permet à d’autres de partir…’ disait-il. En fait, la raison était plus sérieuse. Sujet à de fréquentes hémorragies dans les années après guerre, il ne pouvait s’éloigner des médecins et des laboratoires. Lui-même aimait à rappeler qu’une fois, en toute urgence, on lui avait transfusé, de bras à bras, le sang d’un confrère, le Père Lazarus, devenu ainsi son ‘frère de sang’.

Sa vie de religieux était marquée par la prière et le travail manuel : ‘ora et labora’. Homme d’oraison, on le voyait régulièrement bien avant le chant des laudes, assis dans sa stalle, imperturbable et comme absent. C’est vrai qu’il était plutôt dur d’oreille. Avec quel souci il bichonnait la chapelle de l’abbé Roussel dont il était le desservant attitré. A la Maison Ste Thérèse, en homme pratique n’aimant pas les discours, il passait surtout des cassettes vidéo traitant de sujets bibliques, ce qui ravissait les jeunes du collège et surtout le groupe des trisomiques qui lui courraient après pour connaître la suite : « On veut voir Jésus de Nazareth (de Franco Zeffirelli s’entend)» le suppliaient-ils ! Jean, c’était leur Père à eux.

Econome de la communauté, on le voyait, dès 8 heures du matin, en vêtement de travail, poussant une brouette, ou faisant la vaisselle et préparant la table pour les repas. Parfois, quand dans les bouteilles, le niveau du vin baissait un peu trop vite à son gré, il marmonnait malicieusement, lui qui ne buvait pas une goutte d’alcool : « oh là ! ça s’évapore ». Jean était le bon serviteur du Seigneur, fidèle et prudent, discret, peu bavard, à l’exemple de St Joseph qu’il vénérait particulièrement depuis son séjour à Allex.

C'est volontiers qu'il a accepté son changement pour le Mazet ; il se rapprochait ainsi des siens et se mettait au service des « Pauvres Escholiers » du CAT de la Maison Saint-Louis, des adultes cette fois, avec le dévouement et l’abnégation que nous lui avons toujours connus.
Louis Kergourlay.