Le Père Charles WERLEN
décédé à Saverne, le 10 septembre 1990, a l'âge de 78 ans


Charles Werlen a vu le jour à Lautenbach, petit bourg industriel de la vallée de Guebwiller. Du côté de sa mère, deux grands-oncles et deux oncles spiritains lui ont comme irrésistiblement ouvert le chemin de la Congrégation. Ordonné prêtre le 26 août 1939, il est mobilisé le même jour dans le service de santé, puis connaît pendant trois mois la condition de prisonnier de guerre. Ensuite, il est professeur de théologie à,Blotzheim pendant un an, puis prêtre de paroisse au diocèse de Metz jusqu'en 1945.

Commence alors la longue période qui lui vaudra la reconnaissance et l'affection de centaines d'élèves. De 45 à 81, à Saverne surtout, à Neufgrange aussi, il a été un professeur, disons le mot : un maître-.

Laquelle de ses qualités nous a frappés le plus? Difficile à dire, car nous lui reconnaissions autant de conscience et de rigueur intellectuelles que de bonté inaltérable, autant de patience que de générosité, autant de compétence dans son enseignement que de connaissances dans les domaines les plus divers.

Maître dans les disciplines profanes, le P.Werlen a été aussi maître et modèle de vie spirituelle. A qui faisait l'effort d'être attentif à ses homélies, l'évidence s'imposait que ce prêtre avait non seulement étudié, mais surtout prié la Parole de Dieu. Bien des religieuses pourraient aussi dire la qualité des conférences du Père, tout comme elles pourraient rappeler la pertinence de ses conseils.

En 1981, le P.Werlen cesse d'enseigner. Il va se consacrer à l'étude de la vie et des écrits du P.Libermann. Il assure parallèlement la traduction de l'ECHO en allemand. Quelle patience dans la correction jamais achevée des épreuves Quel accueil résolument ouvert aux innovations !

Discret et souriant, ascète plein d'indulgence, ce confrère à l'intelligence brillante ne dédaignait pas les humbles services communautaires : vaisselle, réfectoire, ramassage des pommes de terre, cueillette des fruits.

Lundi dernier, à 15 heures, en plein travail, il me demande mon avis sur le degré de maturité de certaines prunes. Ma réponse aura été la dernière parole humaine qu'il ait entendue... Foudroyé, sans un cri, le P. Charles tombe lourdement sur le sol et meurt dans la soirée. Mais il était prêt à entendre la voix de son Seigneur qui le conviait aux vergers éternels.
d'après Charles DISTEL

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