Le Père Raymond ZIMMERMANN

Décédé à Altkirch le 20 août 2010, âgé de 67 ans.
Né : 18/07/43, Altkirch. Profès : 8/09/61, Cellule. Prêtre : 29/06/69, Strasbourg.
AFFECTATIONS : FRANCE : Strasbourg (70-73, études) ; Chevilly (73-75, professeur au consortium) ; Paris (75-79, CERM à la rue de Sèvres puis à la rue du Bac). ÎLE MAURICE : Pont Praslin (79-2009 et supérieur du district depuis 2003). FRANCE : en famille pour soins de santé (2009-2010).

C’est d’Altkirch, près de son village natal, que Raymond Zimmermann a rejoint le Seigneur, entouré de l’affection des siens, mais bien loin de l’Ile Maurice, sa famille d’adoption.
Un parcours peu banal que celui de Raymond ! Arrivé en 1979 à Maurice, après plusieurs années de professorat en France, il s’enfouit immédiatement dans la réalité mauricienne : il écoute, observe ; il note que l’Eglise à Maurice est peu ouverte aux " autrement croyants ". Toute sa vie, il portera le souci de rapprocher les Mauriciens de différentes cultures, races et religions. Après un séjour de formation en Inde, Raymond est nommé curé de Pont-Praslin ; il aura alors le temps qu’il souhaitait pour mettre en œuvre les contours de son appel missionnaire. C’est à partir de là qu’il fait sortir de terre le Centre d’Accueil Saint Michel, pour accueillir les Mauriciens qui cherchent à connaître les autres religions et à vivre en bonne intelligence avec tous leurs frères Un véritable réseau d’amis se forme autour du Centre : Raymond en est la cheville ouvrière et l’âme. Ce sera le même souci d’ouverture missionnaire qu’il portera comme supérieur de la circonscription.
Il n’est pas aisé de donner un aperçu de la personnalité et du travail de Raymond ! Il est à la fois " tête pensante ", véritable " encyclopédie ", et en même temps, d’une clarté et d’une simplicité étonnantes pour s’adresser à ceux qui n’ont pas eu la chance d’acquérir une culture approfondie. Travailleur acharné, il sait prendre son temps pour accueillir ses confrères ; Pont-Praslin devient un lieu où les confrères ont plaisir à se retrouver.
Il sait concilier sa recherche intellectuelle et le service de ses frères, ne laisse aucun d’entre eux " en panne " et trouve souvent un moyen de résoudre les problèmes concrets qui se posent à eux. La preuve tangible de cette attitude, à la fois de proximité et de réflexion, c’est la constitution d’une très riche bibliothèque, unique à Maurice, (malheureusement pas assez consultée) et la mise sur pied de tout un cursus de formation de connaissance de l’autre et des autres !
Il alliait réflexion et expérience ; c’est ce qui attirait de nombreuses personnes qui lui vouaient une confiance sans bornes. Accompagnateur spirituel très apprécié, curé d’une petite paroisse de campagne, professeur de philosophie et de théologie au séminaire, soucieux de la formation permanente des prêtres, coordonnateur d’une enquête anthropologique, animateur de retraites pour les religieuses et pour les laïcs, rejoignant les gens à la base, dans leur quartier, sans oublier pour autant son rôle de supérieur et son " charisme " de constructeur, Raymond trouve encore le temps de donner un cours de théologie fondamentale qui tient compte de la mentalité créole : c’est tout cela, Raymond ; une personne entièrement et intelligemment donnée à 100% ! Exigeant pour lui, mais compréhensif pour les autres, il était doté d’une nature forte, sachant où il voulait aller et sachant aussi prendre les moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs ; toutes les difficultés, de quelque nature que ce soit, devaient plier devant lui !
Après avoir lancé les sessions en vue d’une connaissance des autres religions présentes à Maurice, Raymond a senti la nécessité d’étayer la démarche du dialogue inter-religieux sur des bases solides. Depuis plusieurs années germait en lui le désir de donner une assise à cette démarche essentiellement missionnaire et cela grâce à une spiritualité missionnaire vécue au plus profond de la vie et de l’engagement des personnes. Où pouvait-il trouver ce trésor, sinon en Libermann ? Il ne pouvait pas trouver meilleur guide ! Raymond a fortement favorisé cet autre volet du Centre de Pont-Praslin. De cette manière, l’équilibre de la vocation spiritaine sera ainsi obtenu, mettant en évidence les deux aspects essentiels qui la composent : l’action d’évangélisation, soutenue par une spiritualité missionnaire.
Autre initiative de Raymond, celle de permettre à des laïcs de prendre davantage conscience de leur vocation missionnaire en lien avec la Congrégation. Initiés à la fois au dialogue inter-religieux et à la spiritualité libermanienne, un certain nombre d’entre eux se sont engagés comme associés dans la Mission spiritaine à l’Ile Maurice.
Bel héritage que nous laisse Raymond ! A nous de prendre le flambeau et de continuer, dans une fidélité créatrice, le travail si bien commencé par lui
Bernard Réniers

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